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DISCOURS

SUR LE PROGRÈS

DES LETTRES EN FRANCE,

Par M. RIGOLEY DE JUVIGNY, Conseiller Honoraire au Parlement de Metz.


La France étoit depuis long-temps ensevelie dans les ténèbres de l’ignorance & de la barbarie, lorsque Charles V appela près de lui les hommes les plus éclairés de l’Europe, & les encouragea autant par son exemple, que par les honneurs & les récompenses dont il les combla. Son règne annonça les beaux jours qui devoient éclairer, quelques siècles après, les Sciences & les Arts. Mais leurs progrès furent insensibles sous les successeurs de ce sage Monarque, soit par les malheureuses circonstances des temps ; soit parce qu’ils ne sentirent pas comme lui, l’utilité de la culture des Lettres, ni combien elles contribuent à rendre un Royaume florissant. Enfin François I les ranima, & mérita d’être surnomme leur Père & leur restaurateur, titre peut-être moins flatteur pour l’orgueil du maître, mais plus cher à sa nation & plus précieux à l’humanité. C’est à cette époque mémorable, que la lumière succéda pour toujours aux ténèbres,-& que l’étude des Lettres produisit enfin des hommes. On sentit le besoin qu’on avoit d’être instruit, & l’émulation devint générale. Les livres se multiplièrent, & déjà leur