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l’un & l’autre Bibliographe. Peu versés dans la langue Grecque, ils se contentèrent d’acquérir la faculté de s’exprimer en Latin. La Croix du Maine & du Verdier possédoient assez cette langue pour pouvoir composer, le premier, sa Bibliothèque Latine (qu’il n’a point donnée ;) & le second, son Supplément de Gesner. Quant à la diction Françoise, quoique celle de La Croix du Maine soit très-incorrecte, elle est plus supportable que celle de du Verdier, lequel, outre les vices du terroir, gâtoit encore le peu de style qu’il avoit, par ses lectures Latines & Italiennes, & par son affectation à inventer pour ses Livres des titres Grecs, qu’il ne savoit pas même orthographier.

Malgré les défauts que nous venons de relever dans ces Bibliographes, Joseph Scaliger leur a rendu justice à l’un & à l’autre, en avouant l’utilité de leur travail, & le secours dont il est pour les Savans. Quelle reconnoissance en effet la République des Lettres ne doit-elle pas à des hommes, qui, pour son service, ont bien voulu se charger d’une collection si pénible ? Ils ont d’ailleurs conservé le véritable tableau de l’ancienne Littérature Françoise, par lequel on peut juger combien elle étoit alors brillante, fertile & savante. Mais une chose digne d’être remarquée, c’est que La Croix du Maine & du Verdier, obligés, par la nature même de leur travail, de donner indifféremment place dans leurs Bibliothèques à tous les Auteurs morts ou existans, connus ou anonymes, témoignent le regret qu’ils ont d’y placer ceux, dont les Ouvrages pouvoient, par