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danger que présente leur attitude de laisser-faire envers la politique par trop impérialiste du Japon.

Une action énergique de la part de la Chine devant déjouer le complot tramé par les Japonais en vue de s’emparer de l’Est-Chinois a, par conséquent beaucoup de chances d’avoir l’appui des alliés.

Il faut donc agir avant qu’il ne soit trop tard.

A. N.
(Agence Na-Che-Pao, Pékin, 6 Août 1920.)

En parlant hier du complot tramé par le Japon sur le territoire de l’Est Chinois, nous avons indiqué que toute indécision de la part des autorités de Pékin pourrait, en ce moment critique, devenir fatale pour la souveraineté chinoise en Mandchourie.

Les informations données aujourd’hui par la presse locale confirment pleinement nos appréhensions.

La débâcle soudaine du Parti Anfou, débâcle qui menace de réduire à néant tant d’efforts et d’intrigues des militaristes japonais en Chine a forcé ces derniers de prendre immédiatement des mesures énergiques pour couper court à toute velléité des nouveaux maîtres de Pékin de briser l’étau nippon qui tend à étouffer la jeune République.

« Un télégramme urgent annonce qu’en vue de la déconfiture finale du parti pro-japonais en Chine, les militaristes nippons ont décidé d’adopter une attitude énergique envers ce pays. Ils projettent de s’emparer d’abord du droit de police de l’Est-Chinois et prendre ensuite une ferme attitude dans la question des négociations à propos du Chantong. »

C’est ce qui explique pourquoi quelques jours après la déclaration du Vicomte Uchida annonçant le retour des troupes japonaises stationnant dans le Zabaïkal — au Japon, le commandant de ces troupes a reçu l’ordre de les concentrer dans la région de Moukden.

Presque en même temps le War Office de Tokio envoyait des instructions au Commandant du Corps expéditionnaire en Sibérie en vue de prendre toutes les mesures nécessaires pour procéder à un moment donné à l’occupation de tous les bureaux de télégraphe, le long de l’Est-Chinois, et être prêt de remplacer les cheminots russes et chinois par des soldats japonais appartenant au Corps du Génie.

D’autre part le chef de la garnison japonaise de Harbine devait envoyer des rapports télégraphiques sur le nombre comme sur les mouvements des troupes chinoises se trouvant dans la région de la ligne.

Le commandement japonais possède déjà un plan détaillé de l’occupation de l’Est-Chinois et n’attend qu’un moment favorable pour le mettre en vigueur.

Comment la Chine pourrait déjouer ces machinations japonaises dont la réalisation porterait un coup de grâce à l’avenir de la Chine en Mandchourie ?

Si la Chine était laissée toute seule en face du Japon, il y aurait peu de chances qu’elle réussisse à résister avec succès à l’emprise nipponne.

Heureusement les temps sont changés : les Alliés commencent à réaliser quel danger présente pour leurs propres intérêts la politique japonaise en Extrême-Orient :