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Nous avons eu déjà l’occasion de signaler, ici-même, toutes sortes de moyens auxquels ce commandement avait recours pour démontrer la nécessité de la présence des troupes japonaises le long de ladite ligne.

L’annonce de l’évacuation du Zabaïkal faite sans que l’on indique le lieu où les troupes japonaises évacuées devaient se retirer a donné lieu aux appréhensions qu’elles n’iraient pas plus loin que Harbine.

Lorsque le Vicomte Uchida déclara, le 16 juillet, du haut de la tribune parlementaire, que les troupes nipponnes du Zabaïkal rentreront au Japon, sa déclaration produisit de la stupéfaction.

L’évacuation du Zabaïkal ne présentait-elle pas une bonne occasion pour occuper la ligne de l’Est-Chinois ? Comment le commandement japonais consentirait-il à la laisser échapper ?

À en juger d’après les nouvelles de Harbine reproduites par la presse chinoise, les gens qui croyaient que la déclaration du Vicomte Uchida pourrait gêner l’activité des Takayanaghi étaient bien naïfs.

Aujourd’hui même, le Tchen Pao révèle tout un complot tramé par les militaristes japonais en vue de profiter de la soi-disante évacuation du Zabaïkal pour mettre la main sur l’Est-Chinois.

Le plan consisterait à employer les bandes de Semenoff, — dont les nouveaux contingents sont activement recrutés à Harbine, — pour la destruction des ouvrages de chemin de fer juste au moment où les troupes japonaises procèderaient à l’évacuation de Tchita.

Ce sabotage devant être porté sur le compte des Bolcheviks, la bande horvato-semenoff présenterait une demande aux autorités chinoises de lui remettre l’administration de la ligne.

Dans le cas de refus, les Japonais désarmeront par force les gardes chinois et s’empareront du contrôle, sous prétexte que les Chinois ne sont pas à même de protéger la ligne. Après quoi, ils tâcheront de remplacer les troupes chinoises par celles de Semenoff.

Ce complot révélé par notre confrère chinois trouve sa confirmation dans le rapport de M. Soun Siao-lien, le nouveau directeur Général de l’Est Chinois, informant le gouvernement des efforts faits par le parti de l’ancien régime — qui n’est qu’un instrument docile entre les mains des militaristes japonais — en vue de créer des troubles pour reprendre le contrôle sur la ligne…

Si graves que soient les questions de la réorganisation politique en face desquelles se trouvent actuellement les hommes qui disposent du pouvoir, il est à espérer que ces questions ne les empêcheront pas de prendre des mesures nécessaires pour parer au danger qui menace l’Est-Chinois.

Toute indécision pourrait, en ce moment critique, devenir fatale pour la souveraineté chinoise en Mandchourie.

La première mesure qui s’impose, c’est de mettre fin à l’activité de la bande pro-japonaise qui a établi son état-major à Harbine, sans oublier de nettoyer l’administration du chemin de fer de tous les éléments horvathistes.

Le danger est trop grave pour que l’on puisse y parer par des compromis ou des demi-mesures.

La Conférence récente entre les représentants de l’Amérique et de l’Angleterre — Conférence qui avait trait à la question de l’Est-Chinois — n’indique-t-elle pas que les Alliés commencent à se rendre compte du