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Malgré toute la propagande faite par le Gouvernement Nippon pour encourager l’émigration Japonaise dans ces régions, démontrant tous les trésors cachés et les fortunes illimitées pouvant être réalisées là, par tous les Japonais, où il ne suffit que d’aller et de prendre ; malgré que chaque émigrant reçoive son passage gratuit, des instruments de travail, des concessions de terrain, des prêts et des subsides de façon à pouvoir débuter convenablement, ces émigrants sont obligés de retourner chez eux, au Japon, après un an ou deux de dures expériences. C’est la raison pour laquelle le Japon était désireux d’obtenir de la Conférence de la Paix à Paris le droit d’égalité des races, de façon à pouvoir accéder sur les Continents Australiens et des Deux-Amériques. C’est pourquoi il considère l’acquisition des Îles du Pacifique au nord de l’Équateur comme une créance de grosse valeur pour une base navale et pour son programme d’expansion dans le Pacifique. C’est pour cette raison que le peuple Japonais et le Gouvernement protestent si fortement aujourd’hui contre le nouveau projet sur l’immigration en Californie. Si les Etats-Unis ne prennent pas garde à ces protestations le Japon portera la question devant la Société des Nations, et s’il n’obtient pas satisfaction, il en appellera ultimement à ses propres forces pour réclamer et finalement obtenir ses droits » ! Alors, à ce moment, le Japon sera fort de la puissance de quelque 500 millions d’individus, comprenant la population de la Chine, de la Sibérie, de la Corée et du Japon, aussi bien que des vastes ressources naturelles de la Chine et de la Sibérie ; et devant cette organisation et cette préparation, l’Angleterre et l’Amérique trouveront en lui une puissance autrement plus formidable que celle que l’Allemagne n’aurait jamais pu être !

Que va-t-il advenir de tout cela ? Ne doit-on pas considérer tout cela des plus sérieusement ? Cela ne vaut-il pas la peine d’être bien envisagé dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard ? Pour le moment le Japon n’a nullement l’intention, ni la force, d’entrer en guerre contre les États-Unis au sujet de la question d’émigration en Californie. Mais si on lui permet de continuer l’application de son programme sur le Continent Asiatique, comme il le fait actuellement, le Japon sera en état, d’ici quinze ans, de tenir tête à l’Angleterre et à l’Amérique réunies et d’obtenir par la force ce qu’on lui « refuse » aujourd’hui !

Pour cette raison, il est donc grand temps pour les Puissances elles-mêmes, d’examiner attentivement le « Programme Yoshida » du Japon en vue d’une domination mondiale, d’abord par la conquête de l’Asie Orientale et ensuite par rendre l’Asie non pour les Asiatiques, mais « pour les Japonais ».

La politique de la « Porte ouverte » et du « Laissez faire ».

Nous n’avons nullement l’intention de démontrer la menace Japonaise et son préjudice international ; mais il est nécessaire de considérer les faits bien en face. Si la politique de la Porte Ouverte » doit être poursuivie en Extrême-Asie, aucune nouvelle « sphère d’influence », pour le moins, ne doit être acquise par aucune Nation et particulièrement par le Japon. Si la politique du « Laissez faire » doit être respectée par les Puissances en Chine et en Sibérie, le Japon doit également en retirer les mains et laisser les Chinois et les Sibériens diriger leur destinée comme ils l’entendent à l’aide de n’importe quelle assistance ou de coopération amicale qu’ils puissent recevoir financièrement, pour leur développement économique et industriel. Il ne peut pas y avoir de politique de la Porte Ouverte » tant que le Japon est prépondérant ; il ne peut y avoir non plus de politique du « Laissez