line. Ceci n’est pas tout. Le Japon est aujourd’hui, non seulement une puissance insulaire constituant une barrière infranchissable vers le continent asiatique, mais il domine encore matériellement tout le continent de l’Asie-Orientale ; la Province du Foukien dans le sud de la Chine et les provinces mandchouriennes dans le nord sont entièrement sous son influence. Profitant de la disparition de l’influence russe en Mongolie extérieure et se servant de l’ambition du Bouriate Cosaque Semenoff, il peut maintenant pour son propre intérêt « aviser » et « dicter » à la Mongolie extérieure ; tandis que la Sibérie, d’Irkoutsk à Wladivostock, est piétinée par ses forces militaires.
Il est entré dans le cœur de la Chine en enlevant à l’Angleterre la navigation, les mines et tous les autres intérêts dans la Vallée du Yang-Tse et en obtenant d’autre part, un vaste contrôle sur les importantes mines de fer de Han-Yeh-Ping.
Il maintient une forte garnison à Han-Kéou, centre agricole, commercial et industriel le plus important de la Chine Centrale. Et le Japon vient d’obtenir la possession du Chan-Tong, le véritable cœur géographique, stratégique, politique et moral de la Chine !
Tandis que l’Angleterre souffrira beaucoup de ses pertes, les Etats-Unis perdront plus encore, si l’on veut bien reconnaître ce que pourrait être son extension commerciale dans les années à venir. Le récent voyage en Asie de M. Vanderlip de la National City Bank et de M. Lamont de la J. P. Morgan and Company indique suffisamment que les intérêts financiers de l’Amérique en Extrême-Orient joueront un rôle des plus importants. Devant l’impossibilité des Puissances européennes de pouvoir maintenir la navigation. et le commerce extrême-asiatiques durant la première période de la guerre, les marchands chinois ne voulant pas de la marchandise japonaise, ont dû s’adresser à l’importation et à l’exportation américaine. Maintenant que les Etats-Unis d’Amérique ont augmenté leur capacité d’exportation des objets manufacturés jusqu’à 4 milliards de dollars par an, ils doivent se ménager de nouveaux marchés dans le monde autres que ceux de l’Amérique du Sud, ces marchés sont naturellement la Chine et la Sibérie. Mais aussi long- temps qu’on laissera au Japon le contrôle du continent asiatique, ce vaste marché pour les objets manufacturés et cette source illimitée de matières premières sera fermée pour le monde, et l’Amérique ne fera pas exception.
Durant la guerre Européenne les transports et le commerce maritime sont tombés entièrement dans les mains des Japonais ; malgré le Jones Shipping Act en vue de la construction d’une marine marchande américaine du Pacifique, les Etats-Unis auront à lutter fortement pour combattre la position déjà atteinte par le Japon.
Les Etats-Unis n’avaient pas de programme d’extension de marine marchande. La navigation transatlantique, jusqu’à la guerre, était laissée à l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Hollande et aux autres nations européennes ; ceci suffisait aux importateurs et aux exportateurs américains tant que le monde était en paix ; les marchands et les manufacturiers américains trouvaient plus profitable à ce moment de consacrer leurs capi-