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pour l’Angleterre de sauvegarder ses intérêts dans le Pacifique et son prestige de contrôle prédominant du commerce étranger de la Chine, aussi bien que pour le progrès rapide de l’expansion commerciale de l’Amérique.

Jusqu’au moment de la guerre européenne, l’Angleterre avait non seulement la maîtrise de plus de la moitié du commerce extérieur de la Chine, mais elle avait aussi la plus grande part dans le cabotage et le trafic maritime interocéanique. En plus de sa prédominance dans la Vallée du Yang-Tse, la « sphère d’influence » britannique et la plus riche des trois principales Vallées de la Chine, par sa position à Hong-Kong elle a toujours dirigé par influence directe ou indirecte la vie commerciale et économique du Kouang-Tong, du Fou-Kien et des autres provinces du Sud, formant le noyau des richesses industrielles et commerciales de la Chine.

Elle pouvait aussi, à un moment, se flatter d’avoir la plus grande part dans le développement des chemins de fer et des mines de la Chine, par exemple : le chemin de fer de Pékin-Moukden et les mines de Kalgan, la Fu-Chung Mining Corporation était également entre ses mains. Où en est l’Angleterre aujourd’hui ?

Le Japon a réussi, en se couvrant du manteau de la civilisation européenne, à augmenter sa puissance et sa force militaire sous le préceptorat de l’Allemagne, à l’aide de la protection de l’Angleterre et de l’approbation amicale de l’Amérique. Tandis que l’Angleterre laissait accomplir cela afin d’avoir ses propres mains libres pour maintenir ses possessions asiatiques et le développement de ses diverses « sphères d’influence », le Japon parvenait adroitement avec succès à prendre avantage sur la situation coloniale spéciale de l’Angleterre et sous son « aile protectrice », après être sorti vainqueur de ses deux guerres (contre la Chine en 1895 et contre la Russie en 1905), par des acquisitions graduelles en territoires (telles que Formose, le territoire cédé à bail du Liao-Tong, dans la Mandchourie du Sud, Sakhaline et la Corée), il atteignait ainsi la position tant convoitée de Première Puissance en Asie, et il est en bonne voie de réaliser son ultime ambition du « Programme Yoshida » de conquérir et de posséder tout le continent de l’Asie-Orientale, programme qui remonte bien avant l’invasion de la Corée par Hideyoshi en 1592. L’ironie de tout cela est que l’Angleterre est aujourd’hui dérobée des fruits de son labeur de plusieurs décades et même de plusieurs siècles, par la nation même qu’elle crut sage d’assister dans son ascension vers une situation mondiale. Actuellement, par sa situation en vis-à-vis de Formose, la province du Fou-Kien se trouve entièrement sous le contrôle du Japon, de même que le Kouang-Tong et sa métropole, Canton, sont sous l’influence des Japonais et du commerce nippon. En devenant propriétaire du chemin de fer Sud-Mandchourien, non seulement le Japon occupe pratiquement la Mandchourie, une des parties les plus riches de la Chine pour ses mines, ses forêts et ses richesses agricoles, mais il domine encore la Mongolie et détient une prépondérance sur tout le vaste territoire de la Sibérie par le filet de son réseau de chemins de fer (obtenu progressivement par des concessions ou des appropriations forcées de la Chine et de la Russie), laissant ainsi loin en arrière l’Angleterre en ce qui concerne les intérêts des chemins de fer en Chine. Il a fait plus qu’éclipser les entreprises industrielles et minières et les intérêts de la navigation britannique dans la Vallée du Yang-Tse, de sorte que l’Angleterre, de son propre chef, ne se vante plus de sa a sphère d’influence » dans le Yang-Tse, mais parle d’avoir « une coopération amicale des Japonais » ! Le plus alarmant de tout est la lutte contre l’importation et l’exportation commerciales de l’Angleterre en Chine, qui furent longtemps prédominantes, par le Japon jetant sur les marchés chinois et sibériens ses produits manufacturés à bon marché. Par sa main-d’œuvre meilleur marché et plus près de la source des matières