Le Président Wilson y a fait allusion assez ouvertement avant de tomber malade. Dans leurs difficultés avec le Mexique, les Américains ont découvert une trace de l’ingérence nipponne.
De même qu’ils poussaient le cri : « Yare Mexico ! Yare Nangyo ! » (En avant vers le Mexique ! En avant vers le Sud !), les Japonais se tourneraient maintenant vers les Philippines où ils n’auraient cessé de fomenter la révolte contre la domination du Stars and Stripes.
Mais nous commençons à nous habituer à voir les Américains s’inquiéter presque à époques fixes de la menace japonaise, tandis qu’à Tokio on feint la plus vive surprise.
Si ces craintes, pour l’instant, paraissent imaginaires, il n’est pas dit qu’elles le seront toujours, étant donné, d’une part, la rivalité de plus en plus grande entre l’Amérique et le Japon et, d’autre part, les armements intensifs des deux rivaux.
En dehors de la question de race, il s’agit pour le Japon de la maîtrise dans le Pacifique, qui lui est disputée victorieusement par les Etats-Unis.
Là où la flotte nipponne avait été la seule force représentée, elle trouve à présent en face d’elle la flotte américaine du Pacifique qui, détail significatif, jauge 789.996 tonnes, alors que dans l’Atlantique elle n’en accuse que 681.698.
En cas de conflit, la flotte américaine, si elle ne trouvait devant elle que les forces navales du seul Japon, conserverait, grâce au percement du canal de Panama, la supériorité du nombre et dans des proportions qui sont les suivantes :
Amérique Japon
Dreadnoughts Pré-dreadnoughts Croiseurs de combat Croiseurs Destroyers Sous-marins
18 11 11 11 215 30
5 7 4 7 70 20
Soit 285 contre 113
Les Japonais font naturellement un gros effort pour rattraper cette disproportion et, sauf pour les gros navires, leur programme de constructions navales en cours l’emporte cette fois sur celui des Etats-Unis. On donne les chiffres suivants pour les deux pays :
États-Unis Japon
Cuirassés Croiseurs d’escadre Croiseurs Destroyers Sous-marins
11 6 10 12 67
4 8 34 77 88
Soit 106 contre 203
