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II. — LES JAPONAIS EN CALIFORNIE

La question raciale

Le maintien possible par le Parlement de Californie de la loi d’exclusion des Japonais anime d’une façon très inquiétante la presse américaine et surtout celle du Japon, alors que le Continent européen paraît presque ignorant de cette grave tension d’où la moindre étincelle pourrait provoquer une formidable explosion des poudres accumulées par le Japon dans le Pacifique.

« On mande de Washington au New-York Herald que le Japon a informé officiellement le gouvernement américain que si le Parlement californien votait la loi interdisant l’entrée des Japonais, il porterait immédiatement la question de légalité de cette mesure devant la Cour suprême, sans préjudice de tous actes de nature à garantir les droits accordés par les traités à ses ressortissants.

Cette démarche provoque une énorme impression dans les milieux politiques. »

(La Presse, 25 septembre 1920.)

La Conférence tenue entre M. Uchida, Ministre des Affaires Étrangères et le Maréchal Yamagata, Président du Genro est jugée sévèrement aux États-Unis et considérée comme une délibération en vue d’une politique d’intimidation vis-à-vis de l’Amérique.

Le Maréchal Yamagata est le plus ancien des membres du Genro ; il représente le parti militariste et est regardé comme le champion de l’absolutisme. Yamagata est très écouté des partis politiques japonais et particulièrement par le Mikado.

Aux États-Unis, on est certain que le Gouvernement japonais fait tous ses efforts pour préparer l’opinion politique japonaise au conflit armé qui pourrait jaillir entre les deux pays.

Une partie de l’opinion américaine croit que le Japon bluffe simplement afin d’amener la tension entre les deux pays au plus haut point et, qu’à ce moment le Japon ferait des concessions aux Etats-Unis, demandant en retour carte blanche en Mandchourie, en Sibérie et en Chine.

L’attitude de l’Angleterre est très nette dans ce différend. Elle a déclaré à maintes reprises qu’elle resterait étrangère à toute dispute entre le Japon et les États-Unis. Son Traité d’alliance avec le Japon ne l’entraînerait nullement en cas de conflit japano-américain. Et il n’y a pas le moindre doute que l’opinion publique anglaise est pour les États-Unis. En tout cas, l’opinion publique en Angleterre est absolument opposée au renouvellement de l’Alliance avec le Japon. D’autre part, les Dominions d’Australie et du Canada sont également entièrement pour l’Amérique dans cette discussion.

« Il fut un temps, qui n’est pas lointain, où c’était le partage de l’Afrique qui risquait à chaque instant de mettre aux prises les nations de l’Europe, et on peut même affirmer sans témérité que les complications du Maroc et