« L’activité japonaise en Extrême-Orient attire une grande attention de Washington. On s’y intéresse particulièrement du contrôle japonais de l’Est Chinois et de l’occupation du Nord de Sakhaline et de la Province Maritime. Toutes ces questions font actuellement sujet de discussion entre M. Colby, secrétaire d’État, Sir Auckland Geddes, ambassadeur de la Grande-Bretagne et M. Alben, nouvel ambassadeur du Canada. La Conférence organisée par ces diplomates américains et anglais est une conséquence de la reconnaissance par les Américains et Anglais de l’identité de leurs intérêts en Extrême-Orient. »
Ce télégramme donné par Kokusai — télégramme confirmé par plusieurs autres — ne permet-il pas de conclure — comme nous l’avons déjà fait hier — qu’une action énergique de la part de la Chine en vue de déjouer le complot japonais tramé contre l’Est-Chinois a beaucoup de chances d’avoir l’appui des Alliés.
Les Japonais se rendent déjà compte qu’on ne les laissera pas s’emparer brutalement de la ligne de l’Est-Chinois, c’est pourquoi ils ont recours aux Semenoff et aux Horvath camouflés en patriotes russes.
Le danger immédiat venant ainsi de l’activité des semenovistes et des horvathistes, le devoir des autorités chinoises consiste à prendre, sans tarder des mesures énergiques pour mater ces éléments pernicieux et priver de la sorte le Japon de toute possibilité de déguiser sa propre convoitise derrière la protection des intérêts russes ». L’Inspecteur général des Trois Provinces Orientales possède assez de force pour le faire et il serait malheureux si absorbé à Pékin par les affaires de la réorganisation de l’administration centrale il négligeait son devoir immédiat — de bien administrer la Mandchourie.
Les Japonais non seulement occupent militairement toute la Sibérie Orientale, mais ils commencent à en faire l’annexion économique. Ils n’innovent rien ; c’est la politique qu’ils pratiquent depuis près de vingt-cinq ans en Extrême-Orient et que le reste du monde semble approuver, sauf bien entendu, les intéressés…
Voici le texte d’un avis du commandement japonais sur les pêcheries russes :
« Les pêcheries situées sur le cours inférieur de l’Amour, ainsi que dans la baie d’Amour, qui ne sont louées par personne, seront affermées par le commandement japonais à Nicolaïevsk-sur-Amour, le 20 juillet de l’année courante, aux conditions suivantes :
« Les Russes honorables et politiquement hors de soupçon pourront prendre part à l’adjudication, s’ils y sont autorisés par le commandement japonais, aux mêmes conditions que les sujets japonais.
N’est-ce pas suffisamment suggestif ?