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Le Gouvernement de Washington justement alarmé des convoitises japonaises sur la Sibérie a envoyé une note au Gouvernement de Tokio dont celui-ci s’est bien gardé de divulguer les termes.

Tokio, 1er Août 1920 (Associated Press). — La note américaine visant l’occupation japonaise du nord de l’Île de Sakhaline semble avoir fait une impression désagréable aux Japonais, mais ils expriment l’espoir que le gouvernement saura convaincre les Etats-Unis que cette occupation n’est que temporaire.

Les journaux japonais recommandent le sang-froid en présence des sentiments anti-américains au Japon.

(Chicago-Tribune, Paris 31 juillet 1920).

Washington. — M. B. Colby, secrétaire d’État, Sir Auckland Geddes, ambassadeur britannique aux Etats-Unis et Mr. Alston, ministre d’Angleterre en Chine, ce dernier rentrant en Angleterre, ont tenu une conférence sur la politique japonaise en Sibérie. Les officiels ne nient pas que les États-Unis aient envoyé une protestation au Japon.

(New-York Herald, 30 Juillet 1920).

Washington. — La réponse du Japon à la note américaine protestant contre l’occupation de Sakhaline par les Japonais vient d’être reçue par le ministère d’État et sera publiée dans quelques jours. Cette note expose dans son entier la politique japonaise en Sibérie, et le Japon prend les devants en insistant sur la vague bolchevike en Asie.

Les Japonais déclarent que le droit d’une action défensive dans leur sphère d’influence en Asie est garantie par la Convention Lansing-Ishii et a été réitéré plus tard au moment de l’organisation du Consortium financier à l’égard de la Chine. Les Japonais disent que c’est une folie que de rester inactif tandis que le bolchevisme les menacent ainsi que le reste du monde.

(New-York Herald. Paris, 16 août 1920).

Tout ceci n’est pas étranger aux déterminations prises par la Grande-Bretagne de se rapprocher des Etats-Unis et de se soustraire à la politique japonaise qui devient un « Watch-dog » dangereux pour elle.

Quoi qu’il en soit, les Nippons sont en Sibérie.

Le Yi Shih Pao, commentant la position des Japonais en Sibérie, dit que le Japon peut considérer sa diplomatie comme un grand succès. Avoir entraîné les Alliés en Sibérie ; les avoir fait pivoter bêtement durant de longs mois : vu leur retraite et rester, ensuite, le seul maître de la situation avec carte blanche ; c’est, en effet, tout ce qu’il pouvait souhaiter de mieux et fait aussi pour aiguiser son ambition.

Maintenant qu’il occupe tous les points stratégiques et que sa main de fer, plus brutale que juste, domine de haut ; il a entrepris la création du fameux État tampon qui, avouons-le, est une heureuse trouvaille. Quant aux promesses données aux Russes et aux Alliés il n’en saurait plus être question. Toutefois, depuis l’annexion de la Corée, l’opposition à sa domination s’est faite plus énergique que jamais et toute répression a été suivie d’une réaction encore plus violente comme nous l’avons vu l’année dernière. Comme nous sommes en droit de supposer que les Russes ne sont pas moins patriotes que