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canon ; ensuite l’assassinat de 50 à 100 Russes accompagné de la main-mise sur tous les bâtiments publics et le collège naval. Ces choses ont harassé le peuple russe jusqu’au point où leur passivité, envers les Japonais s’est changée en une haine ardente, passionnée, pour tout ce qui est japonais, choses et gens.

D’après cet informateur, qui assista au coup des 4 et 5 Avril, le Japon commit l’erreur la plus monumentale de son histoire et sans qu’il y ait, même, la moindre ombre de justification.

« Pour rendre l’affaire encore plus sérieuse, les militaires japonais qui perpétrèrent délibérément le coup », dit-il, « ne firent que très peu de soldats russes prisonniers parce que dans la soirée de Samedi, qui précéda la saisie de la ville, ces soldats reçurent l’ordre de se rendre aux collines, donné par les autorités du Zemstvo. Ces dernières connaissaient, déjà, depuis quatre jours, que les Japonais projetaient le renversement du Gouvernement révolutionnaire et qu’ils avaient l’intention de désarmer toutes les troupes russes. Le Conseil fut convoqué en session et il fut démontré que toute tentative de résistance, dans la ville de Vladivostock, serait futile parce que les Japonais possédaient des forces combattantes supérieures et avaient, pratiquement, la ville à leur merci. En conséquence et par décision du Conseil, les soldats furent envoyés hors de la ville et il leur fut conseillé d’aller dans les bois ou des chances de tenir dans un combat, pouvaient leur être offertes.

Les Cadets du collège naval, de la baie de Golden Horn, seuls, refusèrent de quitter la ville et lorsque les Japonais vinrent pour s’emparer de leur école ils résistèrent. Ils n’avaient que peu de chances de leur côté, vu leur nombre et armement, et des salves de mitrailleuses eurent tôt fait d’avoir raison de leur courage. Beaucoup d’entre eux furent tués dans l’action et les troupes japonaises prirent possession du collège, des chantiers navals, des bassins de radoub en même temps que de l’Hôpital de la Marine. Le quartier-général de la Marine, sur le toit duquel l’appareil de sans fil gouvernemental est situé, fut également saisi. Le siège du Zemstvo fut l’objet des plus vives attaques et les bâtiments furent criblés de balles quoique la résistance fut insignifiante et de peu de durée.

Dans la nuit de Jeudi, la ville était calme et, comme à l’ordinaire, gardée et patrouillée par des gardes russes. D’après ce qui a transpiré, deux soldats japonais furent envoyés dans les quartiers soumis à la garde russe avec consigne de franchir les cordons sans tenir compte des mots de passe ou de la consigne des gardes et, si molestés, de retourner au quartier faire leur rapport. C’est ce qui devait fatalement arriver car les deux nippons passant outre aux avertissements des Russes et défiant leur consigne furent rappelés à l’ordre et des coups de feu tirés sur eux. Le but était atteint et les deux vaillants pioupious vinrent rapporter les faits au commandement japonais qui, le motif trouvé, fit sortir les troupes japonaises de leurs casernes et, entre minuit de Dimanche et 6 heures de Lundi, les Japonais s’emparèrent de tous les bâtiments publics de la ville ; si bien que lorsque la population matinale se trouva dans la rue, elle constata que les couleurs japonaises flottaient sur tous les établissements russes et qu’aucune part le drapeau rouge ne pouvait être vu. Les Japonais ne firent rien contre les membres du Zemstvo. Les quelques soldats restés dans la ville, en plus des Cadets de la Marine, furent faits prisonniers. Un raid fut alors lancé sur la colonie coréenne et les Coréens saisis furent parqués, comme du bétail en pleine rue sous la menace des baïonnettes ; la voie et les intempéries faisant office de lieux de détention ».

Une autre version

Vladivostock, 9 avril. — La réouverture des communications, entre Vladivostock et le monde extérieur, rend possible, pour l’étranger, de connaître l’immense faute, s’ajoutant à d’autres, faites par les autorités militaires japonaises en Sibérie. Le résultat en est le contrôle de la ville par les troupes japonaises. L’occupation est basée sur le prétexte que les soldats japonais ont été attaqués par des Russes et que cela a rendu nécessaire le désarmement de toutes les troupes russes de la ville et du voisinage.