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Comme on a pu le voir par ces quelques lignes, le Japon lutte pour exclure toutes les influences étrangères en Chine et pour sa seule exploitation de la Chine. Aussi longtemps qu’il pourra se renforcer et s’enrichir le plus possible aux dépens de la Chine, l’Allemagne et la Russie pourront partager quelques portions de cette Chine.

Il est donc évident, dès maintenant, que la soi-disant Doctrine asiatique de Monroe ne sert exclusivement qu’à l’extension des Japonais en Asie Orientale, tandis que d’autre part, leur demande en vue de l’égalité des races servirait leur plan d’agression contre le Continent américain et l’Océanie.

Un autre point qui demande aussi de sérieuses considérations, sans pour cela avoir l’air de courir vers des spéculations politiques fantastiques, c’est de savoir si c’est une politique prudente de laisser tant avancer le Japon sur le Continent du Nord-Ouest asiatique, dont les ressources et les puissantes richesses actuelles sont illimitées, afin de détourner les Japonais de leur dessein de conquérir les colonies ? Cette île monarchique, petite mais agressive, n’est-elle pas capable de transformer le Nord-Ouest de l’Asie en un empire inattaquable ? Les mains libres laissées aujourd’hui dans le Nord à cette nation impérialiste, où le non-scrupule et la force bru- tale sont étroitement unis, ne se feront-elles pas un jour sentir lourdement et puissamment sur l’avenir du Sud ? L’auteur de ces lignes en posait un jour la question à un membre influent du Sénat français ; celui-ci répondit en haussant les épaules : « …Qui sait ?… Omnia tempus revelat ! Mais c’est toujours trop tard que l’expérience du temps nous avertit !!!

K. Lee.
(7 Août 1920).

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Le Gérant : G. Berio.

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