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II. — LES JAPONAIS EN SIBÉRIE

Depuis les massacres de Nikolaïevsk, en mars dernier, survenus comme une aubaine pour les Japonais, car ils devaient, ainsi qu’ils l’ont déclaré formellement, évacuer la Sibérie après le retraite des troupes tchéco-slovaques, ils en ont considérablement profité pour occuper entièrement Sakhaline et poster leurs troupes sur tous les points stratégiques et essentiels en vue d’une occupation prolongée sinon définitive comme ils le pensent.

Le gouvernement du Japon a publié sur les événements de Nikolaïevsk le communiqué suivant :

Entre le 12 mars et la seconde moitié de mai, environ sept cents Japonais hommes, femmes et enfants, y compris les soldats et les officiers de la garni- son, le consul et sa famille ont été massacrés de la manière la plus odieuse par les bolchevistes. Devant un événement de ce genre, le gouvernement japonais a senti qu’il devait prendre des mesures propres à maintenir le prestige et l’honneur de ce pays. Mais, en l’absence à l’heure actuelle de tout gouvernement responsable auquel des représentations pourraient être faites, le gouvernement japonais a été dans l’embarras quant aux moyens d’action les plus propres à atteindre son but. Dans ces circonstances, le gouvernement japonais a décidé d’occuper dans la province de Saghalien tels points qui lui paraîtront nécessaires en attendant l’établissement d’un gouvernement régulier et le réglement satisfaisant de la présente affaire.

Étant donné l’évacuation complète par les troupes tchécoslovaques des provinces Transbaïkaliennes, le gouvernement japonais a décidé de retirer ses troupes de ces régions, conformément aux déclarations réitérées qu’il a faites. Les districts environnant Vladivostok se trouvaient cependant dans des conditions toutes différentes. Non seulement celle région est toujours grosse de menaces pour la Corée, mais la situation tend plutôt à s’y aggraver. Bien plus, il y a un grand nombre de Japonais dans le voisinage, et Chabarovsk constitue un point stratégique important sur la route de la province de Saghalien. En conséquence, le gouvernement japonais croit devoir maintenir dans ces régions un nombre suffisant de troupes jusqu’à ce que la paix et l’ordre y aient été complètement rétablis.

(La Petite République, 8 Juillet 1920).
Le coup de Vladivostock

« La prise de Vladivostock, par les Japonais, fut faite sans provocation aucune et sans que rien ne l’ait motivée c’est la déclaration faite au Japan Advertiser par une personne arrivée récemment de Vladivostock. Le récit donné par cet informateur corrobore les nouvelles reçues du correspondant spécial de ce journal, disant que l’occupation fut basée sur des prétextes sans consistance et que la manière de se conduire des troupes japonaises, pendant l’occupation, n’a servi qu’à soulever, contre elles, un peu plus d’amertume. Les personnes de Tokio, qui sont plus ou moins au courant des faits, se montrent sûres que plus ou moins tard toutes ces choses viendront en lumière et réserveront des surprises quand des rapports plus complets, sur ce qui s’est passé à Vladivostock, atteindront le monde extérieur. Ce n’est qu’une question de temps et, inévitablement, il y a de nombreux étrangers, spectateurs des évènements qui se sont déroulés à Vladivostock et autres parties de la Sibérie, qui rendront compte des motifs et procédés employés sans qu’on puisse plus longtemps les censurer ou supprimer. Entre autres détails de l’occupation, notre informateur raconta la saisie de centaines de Coréens qui furent obligés de défiler dans les rues avec les mains liées derrière leur dos, placés au centre de détachement japonais, baïonnette au