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D’autre part, les Coréens ont lancé un appel au monde civilisé et, profitant de la réunion, à Paris, de la Conférence de la Paix, ils lui ont envoyé des délégués. La Conférence a examiné sommairement les revendications qui lui étaient soumises et a constaté que les faits incriminés, remontant à une date antérieure à la grande guerre, échappaient à sa compétence. Adressez-vous à la Société des Nations, a dit la Conférence aux délégués.

La Société des Nations ! Voilà donc la dernière planche de salut qui reste au Coréens, à moins que le Japon, instruit par l’expérience infructueuse qu’il vient de tenter au Chantong, ne se détermine à modérer ses convoitises, dans l’intérêt de la paix universelle. Mais n’y comptons pas. L’impérialisme est une maladie incurable, puisque la république et le socialisme, ces deux remèdes héroïques, n’en ont pas guéri l’Allemagne

Mario Sermet.
(Le Petit Marseillais, 22 juillet 1920.)

III. — LA RÉVOLTE DE LA CORÉE CONTRE LE JAPON[1]

L’opposition de la Corée à la mainmise japonaise, qui se fait de plus en plus oppressive, reste toujours à l’état latent. Mais parfois elle éclate en brusques révoltes durement réprimées : en mars 1919 et au début de 1920. L’auteur de l’article ci-dessous, spécialiste, comme on le sait, des questions d’Extrême-Orient où il fit à plusieurs reprises de longs séjours, a visité Séoul en 1917 et en 1919. Il parle donc en témoin et peut dire pour quelles causes le peuple coréen n’accepte pas la domination japonaise.

Les causes de l’opposition coréenne

Le Japon, qui avait promis, à plusieurs reprises, de respecter l’indépendance de la Corée, a « protégé » à partir de 1905, et « annexé » en 1910 le « Pays du Matin Calme » contre le gré de ses habitants.

Les Coréens ont vu, sous quelques aspects, améliorer leur situation matérielle, par la construction de chemins de fer, l’ouverture de routes, la création d’hôpitaux. Mais ils ne se sont pas ralliés à leur maître étranger.

Fiers de leur civilisation, extrêmement ancienne, — ils ont été, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, les éducateurs et les instructeurs des Japonais, — ils ne se sont pas résignés à la perte de leur indépendance nationale. Et ils ont souffert du régime de tyrannie militariste et d’espionnage généralisé qui leur a été imposé.

Le Coréen, fidèle à l’idéal des sages Chinois, est essentiellement pacifiste, hostile à tout militarisme.

 
Les causes immédiates de la dernière révolte

Au début de 1919, la nouvelle que le monde allait être reconstruit sur la base du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, a suscité une révolte plus ample qu’aucun mouvement d’opposition antérieure, une révolte pacifique, unanime, dont les spectateurs désintéressés ont été profondément émus.

La cause déterminante du mouvement a été la proclamation du droit des peuples par le président Wilson, et la réunion de la Conférence de la Paix, paraissant devoir réaliser cet idéal de justice. Que quelques Américains aient encouragé les Coréens, c’est probable : certains d’entre eux, appartenant à la Young Men Christian Association de Shanghaï ont été en rapport

(1) Voir cet article in-extenso dans le N° 30 de l’Europe Nouvelle du 22 août 1920. Voir également le N° 1 de la Corée Libre, page 22 sq.

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