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Des travailleurs chinois, retour d’Europe, voyageaient par ladite ligne. Ils étaient au nombre d’environ Soo qui, après avoir pris terre dans leur patrie, prirent le premier train pour Tsinanfou, le 4 courant. Quand le train arriva à Fang-Tze, quelques-uns des Chinois descendirent sur le quai pour faire quelques achats. Ils furent brutalement frappés par des employés japonais de cette gare. Cette échauffourée fut arrêtée par l’entremise d’autres voyageurs du train, probablement des agents de la Y.M.C.A. qui accompagnent les ouvriers. Le capitaine des troupes japonaises stationnées dans la gare mena sa troupe au train, s’empara des deux chefs du convoi chinois et les fit battre jusqu’à complet épuisement. Ensuite, il fit procéder à des recherches sur le train et captura quatorze autres travailleurs qu’il fit, également battre par ses hommes et les mit après en prison. Les camarades de ces innocents ne purent venir en aide à ces malheureux et durent se contenter, dès leur arrivée à Tsinanfou, d’envoyer immédiatement une pétition au Commissaire diplomatique le priant de protester auprès du consul japonais de Tsinanfou.

(Agence Na-Che-Pao de Pékin).

Voici une opinion française très au courant des choses de l’Extrême-Orient et plus particulièrement de la situation chinoise :

La Chine doit-elle entrer en négociations directes, ou rejetant la proposition japonaise soumettre le cas du Chantong à la Ligue ?

Ou bien sans faire, pour le moment, aucun appel à la Ligue ni une réponse à M. Obata temporiser dans l’espoir que le temps travaillera pour elle ?

Enfin ne serait-il pas beaucoup plus sage de répondre à la note japonaise de manière que cette réponse sans amener des négociations oblige le Japon soit d’accéder au désir chinois — ce qui est peu probable — soit de soulever des objections donnant ainsi un prétexte pour soumettre le cas à la I.igue.

Ces quatre moyens résument grosso modo les différents points de vue qui se sont manifestés à la suite de la proposition japonaise d’arranger à l’amiable la question du Chantong.

La première de ces propositions c’est-à-dire décider du sort du Chantong in camera » par des diplomates chinois et japonais — rencontre l’opposition acharnée de tout le peuple chinois et n’a des partisans que dans le milieu militariste qui ne veut ou plutôt ne peut pas rompre les chaînes d’or de l’emprise japonaise.

La suggestion consistant à soumettre immédiatement le différend sino-japonais à l’examen de la ligue se heurte tout d’abord à cette objection que la Ligue pourrait refuser de discuter la décision prise à la Conférence de Paix.

Mais comme la Ligue ne pourrait refuser son arbitrage pour un différend qui surgit de l’application des stipulations du Traité certains recommandent, comme nous l’avons déjà dit, de répondre à la note japonaise de manière que la réponse sans donner prise à certaines négociations soulève cependant des objections du côté japonais.

Cette réponse devrait indiquer tout d’abord que les raisons militaires qui amenèrent l’occupation de Kinotcheou n’existant plus, le Japon doit retirer ses troupes.

Ensuite le Gouvernement chinois demanderait au Japon de supprimer entièrement l’organisme administratif japonais dont le fonctionnement a été récemment suspendu à Kiaotcheou coinme le long du chemin de fer du Chantong.

Enfin la réponse confirmerait l’intention du gouvernement d’adhérer à tous les accords concernant les intérêts japonais au Chantong et qui ont été volontairement conclus par la Chine.

Si le Japon soulevait des objections à ces demandes, la Chine pourrait alors faire appel à la Ligue.