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elle pense que les faits rapportés sont exacts. La région est depuis des mois le théâtre de menées révolutionnaires dans lesquelles les bolchevistes ont la main. Le centre de cette agitation est la ville de Chantao. La répression est très difficile pour les autorités japonaises, car, à la moindre menace, les révolutionnaires, qui sont armés de mitrailleuses et de grenades, s’empressent de passer en territoire chinois)

(Le Temps, 17 Juin 1920).

LES JAPONAIS SÉVISSENT CONTRE LES CORÉENS À VLADIVOSTOCK

L’occupation de l’Est Chinois par les Japonais se poursuit avec méthode.

Après avoir placé dans les différents services leurs propres employés et pris soin de garder les ponts et les stations — même celles de T.S.F. — ils se chargent des douanes chinoises.

« On annonce l’occupation japonaise des douanes chinoises à Mandchouria et la protestation du gouvernement auprès du corps diplomatique. »

« Après leur récente victoire à Vladivostock, les Japonais se mirent à prélever des surtaxes illégales sur les habitants chinois à Tchang-tchoun et à Mandchouria ».

Ainsi les Chinois voient bien l’effet déplorable de la « victoire » japonaise pour les intérêts chinois

Mais les Chinois ne sont pas seuls à en souffrir.

Les toukiuns du Heiloungkiang et du Kirin informent le Président que depuis l’occupation de Vladivostock par les Japonais les résidents coréens furent aussi maltraités que leurs compatriotes dans la Corée même.

Que les affirmations des toukiuns chinois ne sont nullement exagérées la meilleure preuve se trouve dans l’appel adressé par des Coréens aux consuls des pays alliés et associés.

Cet appel est si intéressant que nous croyons nécessaire de le citer in extenso :

« Nous, Coréens, habitants de Novo-Koreiskaya slobodka subissons, depuis plusieurs jours, des violences cruelles de la part des Japonais. Ils brûlent les maisons et les magasins des habitants paisibles, ils arrêtent nos adolescents, les mutilent et les emmènent on ne sait pas où.

Mais personne ne vient à notre secours et nous n’entendons pas un seul mot de consolation.

Où dons est la justice ? Où donc est la vérité ?

Nous vous supplions de faire une enquête sur les actions des Japonais.

Nous vous supplions. Sauvez-nous, protégez-nous des Japonais ».

Cet appel touchant sera-t-il entendu ? Peut-être. Même s’il l’était, cela ne sauverait la vie qu’à quelques-uns. Ce n’est pas une enquête qui protégera la patrie coréenne piétinée par la botte japonaise, comme aucune intervention étrangère ne sauvera la Chine ni la Sibérie, si celles-ci ne prennent pas de mesures pour se sauver elles-mêmes.

Où est la Justice ? Où est la Vérité ?

Elles existent. Seulement, pour les faire triompher, il faut savoir mourir et surtout combattre pour elles

Justice et Vérité, leur triomphe en Extrême-Orient, comme partout ailleurs, est inévitable puisque tout travaille pour ce triomphe, même les militaristes japonais.

Plus ceux-ci deviennent rapaces et insolents, plus l’union des peuples opprimés du continent se réalise.

Les Chinois, les Russes, les Coréens commencent déjà, en face de l’agression nipponne, à se rendre compte de l’identité de leurs intérêts. Et le jour qui verra se constituer le bloc solide de tous ces peuples sera le jour où le Japon oppresseur s’écroulera.

Enivrés par la réussite momentanée de leur politique en Extrême-Orient, encouragés par le silence de l’Occident sur leurs derniers exploits, les militaristes japonais ne voient pas, dans leur aveuglement, la main qui trace sur la muraille du Japon moyen-àgeux Mané, Thécel, Pharès.

A. N.
(Journal de Pékin, 24 avril 1920).