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LES JAPONAIS EN SIBÉRIE

On mande de Tokio, 7 juin :

Que les massacres des Japonais à Nicolaievsk ont profondément ému l’opinion publique japonaise.

Mais les rapports japonais sont absolument muets sur ce qui s’est passé exactement dans cette région. Ils ne disent rien de l’occupation première par les troupes nipponnes, ni de l’attitude brûtale de ces troupes vis-à-vis des populations sibériennes. D’après les rumeurs, il semblerait que les Sibériens se seraient vengés des exactions et des massacres que les troupes japonaises auraient commis lors de la première occupation.

Ce qui est certain, c’est que l’État-major japonais en a profité immédiatement pour maintenir son corps d’occupation en Sibérie afin d’éviter, soi-disant, des massacres ultérieurs, c’est du moins le prétexte qu’il en donne. (Le Japon occupe Sakhaline actuellement).

Nous publions ici une note du Journal de Pékin, arrivée un peu tard mais qui n’en conserve pas moins toute une saveur d’actualité :

Y A-T-ON PENSÉ ?

Le Gouvernement de Tokio a trouvé nécessaire d’informer le monde entier qu’il a décidé de ne pas tenir pour le moment sa promesse de quitter la Sibérie avec l’évacuation des troupes tchéco-slovaques. C’est pourquoi il a fait paraître l’autre jour dans l’Extra Officiel Gazette une déclaration sur sa politique sibérienne.

Pour s’en rendre compte, il suffit de lire attentivement la première et la dernière phrase de ce document diplomatique de la diplomatie vraiment nipponne.

« L’envoi des troupes japonaises en Sibérie ayant pour but l’assistance aux Tchéco-Slovaques, il est évident que le Japon, conformément à ce qui avait été déclaré, retirera ses troupes lorsque l’évacuation des Tchéco-Slovaques sera virtuellement terminée ».

Ça commence bien. Et celui qui ne veut pas croire que pareillement à ces samouraï d’autrefois qui avaient deux épées, le Japon d’aujourd’hui aurait deux paroles, ne doit pas lire la fin

Pour garder ses illusions…

Comme font les gens qui, par principe, ne lisent que le premier chapitre d’un livre.

Mais voici cependant la phrase finale On n’y parle des Tchéco-Slovaques qu’en passant mais par contre on y parle de la géographie (naturellement), des résidents japonais, des moyens de communication, de la Corée et surtout de la Mandchourie.

« Si les conditions politiques, dans les territoires adjacents de notre pays, étaient réglées, la menace suspendue sur la Mandchourie et la Corée — écartée, la sécurité des vies et propriétés des résidents japonais — assurée et la liberté des communications — garantie, — nous réaffirmons par la présente notre engagement que l’Empire évacuera la Sibérie étant entendu que les Tchéco-Slovaques seront complètement retirés.

Bref, le Japon est toujours prêt de tenir sa parole seulement il v met des conditions dont la plus intéressante concerne la Mandchourie.

En lisant ce document, personne n’aurait jamais soupçonné que cette vaste région n’est pas encore japonaise. On dirait même qu’elle est plus japonaise que la Corée puisque c’est elle qui figure à la tête des régions devant être protégées contre « menace Suspendue ».

Voici ce qui mérite d’attirer l’attention des autorités chinoises qui, à en croire Reuter, auraient pris la décision de ne régler la question des relations futures avec le gouvernement des soviets avant que les autres puissances — y