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de source privée, qu’il était entrepris pour négocier une convention entre la Russie et le Japon. Je considérais que tandis que les négociations du traité projeté avec l’Angleterre se poursuivaient, il serait tout à fait déplacé de rechercher une convention avec la Russie. Je n’attachais donc pas une importance très grande à la mission du marquis Ito à Saint-Pétersbourg. Le marquis m’informa qu’avant de quitter le Japon, il avait tenu un Conseil avec le marquis Yamagata et les autres genro, avec le ministre, Président du Conseil, marquis Katsoura et avec le Ministre des Affaires Étrangères, vicomte Soné. À son avis, il n’était pas avantageux, pour la Russie et le Japon de continuer à se regarder d’un mauvais œil au sujet de la Corée et il était urgent d’arriver à quelque compromis. Le Conseil dont il venait de me parler partageait cette manière de voir. Aussi avait-il décidé que le marquis Ito irait en Russie pour y discuter la question. Jusqu’à ce moment, disait le marquis, le gouvernement japonais n’avait pas arrêté sa politique en ce qui concerne l’alliance avec l’Angleterre. La base sur laquelle pourrait s’établir un compromis avec la Russie était, d’après le marquis Ito, que le Japon aurait les mains libres en Corée, qu’aucun des deux pays n’établirait de base navale à Masampo et que la Russie aurait les mains libres en Mandchourie. D’après M. Tatsouké qui assistait le marquis Ito dans sa mission diplomatique, M. Kourino n’avait accepté le poste de Ministre en Russie qu’à la condition d’être chargé de conclure un compromis avec cette puissance. Le marquis se montra fort surpris d’apprendre que les négociations avec l’Angleterre étaient allées si loin. »

Et le baron Hayashi ajoute :

« Je considérais que, si ce que m’avait dit le marquis Ito et M. Tatsouké était exact, la manière d’agir de mon gouvernement, qui dépêchait le marquis en Russie, et surtout la part jouée par M. Kourino était outrageuse. »

La surprise du marquis Ita d’apprendre que les négociations avec l’Angleterre étaient allées si loin, l’indignation du baron Hayashi devant les agissements de san gouvernement et de ses ministres montrent suffisamment toute la comédie jouée par ces deux représentants de la diplomatie japonaise. C’est à ce moment que le chargé d’affaires allemand (?) prévenait le Foreign Office de la possibilité d’une convention russo-japonaise, et il faudrait être bien niais pour aller supposer un seul instant que ce même Foreign Office ignorait la rencontre d’Ito et d’Hayashi à Paris ? Alors qu’il était renseigné minute par minute de toutes les paroles secrètes ou soi-disant telles, qu’échangeaient les deux rusés diplomates, cette conversation n’arrivait pas non plus aux oreilles des ministres britanniques par l’effet du hasard ! Nous savons tous trop ce que sont ces secrets et ces hasards diplomatiques pour y insister d’avantage ! Toujours est-il qu’on en parlait dans Landerneau !..

Le gouvernement anglais commençait à s’alarmer, ce que voulait le gouvernement japonais. Hayashi fit informer astucieusement le ministre anglais des Affaires étrangères d’un télégramme reçu de Tokio :

« Le gouvernement n’a pas changé sa politique. Kourino n’a reçu aucune mission ».

Ceci ne rassurait qu’imparfaitement les Anglais, car Ito, toujours à Paris était la menace.

Hayashi va se charger encore de nous dire lui-même, entre les