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à présumer que des conversations indirectes devaient avoir eu lieu entre l’Angleterre et l’Allemagne ; j’avais à m’en assurer sous ma responsabilité sonnelle ».

Le marquis Salisbury étant rentré le 10 mai, je rendis visite, le 16, au marquis Lansdowne ; tandis que je le pressentais sur l’accord anglo-japonais, sujet de notre dernière conversation, il me demanda de lui donner mes SU dune façon un peu détaillée. Je lui exposai que la politique du Japon était, vis-à-vis de la Chine, le maintien de la Porte ouverte et de l’intégrité territoriale, comme nous l’avons maintes fois réclamé ; vis-à-vis de la Corée, le maintien et la protection des intérêts et avantages que nous y possédons ; que les intérêts de nos deux pays vis-à-vis l’Empire du Milieu coïncidaient ; que nous avions donc l’obligation étroite de nous unir et d’empêcher un rapprochement d’autres puissances, qui pourrait porter atteinte à nos intérêts communs. Si cette thèse générale était des plus faciles à exposer, maintes difficultés apparaissaient du reste dans les détails. Le marquis me répéta sa question de notre première entrevue, « que pareil accord ne devait pas évidemment se limiter à nos deux pays, qu’il serait bon d’y introduire un tiers ».

Le lendemain, le chargé d’affaires allemand me disait qu’il avait eu, immédiatement après moi, un entretien avec le marquis Lansdowne, dans lequel celui-ci lui rapporta notre conversation. Je télégraphiai tout cela à mon gouvernement en pressant sa réflexion.

Mais, précisément à ce moment, survenait chez nous un changement de cabinet, Le prince Ito démissionnait le 10 mai, remplacé provisoirement par le marquis Saionji ; le 2 juin, tout le cabinet se retirait, et le vicomte Katsoura devenait Président du Conseil ; Soné, Ministre des Finances, remplaçait temporairement Kato aux Affaires Étrangères. Tout ce bouleversement empêcha de me répondre. Le marquis Lansdowne m’avait pas repris la conversation ; je n’avais pas moi-même le moyen de pousser la chose plus avant et de presser cette question d’alliance, Elle en restait abandonnée à ce point, quand je reçus à l’improviste, le 15 juillet 1907, la visite de Sir Claude MacDonald, Ministre à Tokyo, alors en congé. Il me dit que, lors de sa réception par le roi, celui-ci avait jeté, en passant, dans le courant de l’entretien, qu’il fallait absolument faire quelque accord entre le Japon et l’Angleterre. Sir Claude ajouta que le marquis Salisbury, allant plus loin que son souverain, lui avait déclaré, lors de son entrevue ; que cette alliance des deux pays serait telle que l’un d’eux devrait aider l’autre dans Je cas d’une attaque par plusieurs puissances. »

Les affaires ne marchaient pas assez rapidement au gré des japonais, c’est alors qu’ils eurent l’idée de jouer une comédie de simulation de rapprochement avec la Russie. Le marquis lto fut chargé de cette contre-partie ; il partit pour la Russie en passant par les Etats-Unis et la France en alléguant des raisons de santé. Et, chose étrange, ce fut encore l’Allemagne qui insista auprès du gouvernement britannique sur la crainte de voir le Japon traiter avec la Russie avant la Grande-Bretagne ? Nous faisons remarquer que les Mémoires du baron Hayashi qui veulent avoir une allure de clarté sont tout à fait obscurs sur ce point et comme Sur bien d’autres du reste :

« Le gouvernement anglais avait aussi l’idée d’une alliance, mais c’était une politique si nouvelle, si différente de celle suivie par l’Angleterre dans le passé, que pas mal de temps serait nécessaire pour la réaliser ». « J’appris que le Chargé d’affaires de l’Allemagne alla, à plusieurs reprises, au Foreign Office, insistant sur la crainte que dans cet intervalle, ne se conclut un accord russo-japonais. Je pensais que la visite inopinée de Sir Mac Donald et Sa conversation, devaient correspondre à rune idée du marquis Lansdowne, et qu’on désirait amorcer des pourparlers sérieux sur cette question d’alliance que j’avais abordée quelque temps auparavant.

« Je télégraphiais les détails de la Conversation de Sir Claude Mac Donald