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d’à peu près honnête en ce qui concerne l’enseignement de l’Histoire Coréenne, des relations internationales ou des événements présents. C’est contre tout cela que les étudiants coréens se révoltent actuellement et font grève ; il n’y a rien dans les promesses du baron Saïto qui puisse donner des garanties pour terminer la grève et faire rentrer les étudiants dans les écoles.

2o Les tortures ont été interdites ? Mais chaque jour sortent des prisons des hommes qui y ont été effroyablement torturés. Il est vrai que le baron Saïto a promis de punir tout fonctionnaire coupable d’avoir infligé des tortures, s’il en a la preuve évidente ; mais il est aussi vrai que s’il se donnait la peine de faire lui-même une inspection inattendue dans un poste de police à deux kilomètres de ses bureaux, il trouverait chaque après-midi de suffisantes preuves évidentes. Il n’en obtiendra naturellement jamais en demandant à la Haute Direction de sa Police si elle est coupable. Il peut être assuré, par avance, qu’elle lui répondra non !

En analysant de près les paroles du baron Saïto, on ne trouve rien qui semble essentiel ; mais, au contraire, on a l’impression très nette d’un doute, et l’on se demande si réellement le baron Saïto se rend bien compte de la gravité de la situation. Un homme qui dans son cerveau rend compatible l’existence de la liberté de parole, en même temps que des policiers font des rapports sur ce qui a été dit ne peut pas avoir une compréhension parfaite de l’essentiel des choses. Le baron Saïto n’a rien compris à la situation de la Corée.

En résumé, si les paroles de l’amiral sont des gages identiques à ce que la Corée a pu obtenir des belles promesses qui lui sont faites depuis six mois ; la Corée obtiendra bien peu ; et pas suffisamment, bien certainement, pour lui faire changer son attitude, vis-à-vis du Japon de ce qu’elle était en mars dernier lorsqu’elle se révolta.

Nathaniel Peffer,
(Correspondant à Péking de la China Press.)

AUTRE INTERVIEW DU BARON SAITO

Avouer la vérité est le commencement de la sagesse ; mais, certainement jamais vérité aussi aggravante n’a encore été dite par aucun homme d’État japonais comme celle que vient de confesser l’amiral baron Saïto à un reporter de l’Osaka Asahi : « tous les Coréens suffisamment intelligents ou capables de conduire leurs compatriotes aux plus hautes destinées sont actuellement soit en prison soit en exil. » (Du Kobé Chronicle.)

Ceci n’est-il pas la condamnation définitive de l’action néfaste des Japonais en Corée et plus probant que tout ce qu’a pu être écrit à ce sujet depuis un an bientôt ? Après cela, le Japon criera-t-il encore par dessus les toits que l’annexion de la Corée s’est opérée pacifiquement et à la requête des Coréens eux-mêmes ?

Que sont devenus alors tous ces Coréens ? L’Amiral Saïto le dit : « Tous en prison ou en exil ! » Tel est le triste et révoltant résultat de dix années de domination nipponne !