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Le Rev. M. Mowry, directeur de l’École méthodiste à Séoul, fut arrêté sous l’accusation d’avoir caché chez lui des criminels recherchés par la police japonaise. Or, ces soi-disants criminels étaient. simplement des étudiants qui n’avaient commis d’autre crime que de crier « Vive l’Indépendance Coréenne » et d’avoir manifesté par leur présence en nombre aux démonstrations pour la liberté. Aucun mandat d’arrêt contre ces « criminels recherchés par la police » n’avait été lancé contre eux ni aucune procédure judiciaire quelconque n’avait été instruite à ce sujet. Et pourtant, au Tribunal de District, puis à la Cour d’appel, M. Mowry fut maintenu coupable de ce chef ! Son cas vient d’être envoyé à la Cour suprême pour jugement définitif.

Les missionnaires étrangers n’ont jamais pris aucune part dans les démonstrations du peuple coréen pour la liberté. Ils n’ont jamais eu ni de près, ni de loin, le moindre contact avec les préparatifs de ces démonstrations qu’ils ignoraient totalement jusqu’au jour de leur explosion. Ils l’ont déclaré publiquement et démontré amplement. La police japonaise a, du reste, cherché tous les moyens pour trouver la moindre faute de leur part et de pouvoir se débarrasser ainsi de témoins terriblement importuns.

En effet, ces missionnaires, à quelque confession qu’ils appartiennent, vivent au milieu des populations coréennes ; ils ont pu voir depuis dix ans quelles étaient les méthodes de civilisation japonaise. Ils ont vécu au milieu des brutalités, des cruautés et des atrocités japonaises révoltantes ; ils en sont les témoins indéniables et ils n’ont pu les laisser passer sous silence ! Voilà le véritable crime ! Des pénalités pour les transgresseurs de la loi est une chose ; les brutalités en sont une autre. Les contrevenants aux lois doivent être punis selon la loi, mais les officiers de police et les magistrats japonais sont encore plus coupables de crimes envers la loi que les inculpés qu’ils sont chargés d’arrêter ou de juger.

Les neutres, dans cette question, ne peuvent intervenir ni s’interposer dans des mesures prises légalement ; mais ils ont un droit et un devoir humanitaire de protester avec véhémence contre les brutalités commises sur des innocents sans armé, hommes, femmes enfants, vieillards, par une soldatesque indisciplinée, par des gendarmes, des agents de police, des pompiers mêmes, des gens sans aveu à la solde nipponne et des civils japonais ivres et déchaînés comme des furies !

Voici du reste ce qu’en dit l’« Écho de Chine » du 22 mars 1920.

Les événements du début de mars en Corée viennent encore d’attirer l’attention sur cette contrée. Le gouvernement japonais, redoutant des troubles à l’occasion de l’anniversaire de la demande d’indépendance qui se fit à pareille époque l’an dernier, avait pris la précaution de masser des troupes à Séoul et d’installer ostensiblement des canons et des mitrailleuses. Ces précautions eurent pour effet d’empêcher toute manifestation sérieuse : des étudiants et des étudiantes essayèrent simplement de faire des discours au peuple : ils en furent d’ailleurs empêchés par la police et à cela se sont bornées les manifestations de cette année.

Ce n’est pas sans une certaine surprise que l’on apprenait donc quelques jours après, que le gouvernement japonais venait de fermer à Séoul deux