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vir entièrement cette puissance, sous forme de contributions diverses, à la gestion de ses affaires militaires, diplomatiques, politiques et financières, en échange d’une restitution précaire.

Le plan était extrêmement habile. Jusqu’ici, la Chine a esquive le coup. Mais le Japon est tenace, et ses batteries sont habilement disposées.

À cet égard, le cas de la Corée est d’ailleurs suggestif. Nous ne l’avons pas laissé, non plus, ignorer à nos lecteurs. Sur ce point encore, M. Challaye corrobore nos indications. La presqu’île coréenne est également très riche : et ce fut la cause principale de ses malheurs. Le Japon avait jadis formellement promis de respecter aussi son indépendance. Ce qui ne l’a pas empêché de commencer ses manœuvres d’absorption en 1907, et d’annexer purement et simplement cette province en 1910.

Si encore les populations étaient heureuses sous la domination étrangère ! Il n’en est rien. Leur sort est, au contraire, effroyable ; il devrait exciter la pitié et soulever la réprobation universelle. La documentation de M. Challaye est édifiante à souhait. Ecoutons le : La police interdit le retour des Coréens dans leur patrie lorsqu’ils s’en sont éloignés ; elle les empêche, à l’intérieur, de circuler sans justification. Comme toutes les banques sont japonaises, les Coréens sont obligés de donner une explication plausible chaque fois qu’ils se livrent à une opération financière quelconque. Dans les écoles, l’enseignement de la langue japonaise est non seuleinent obligatoire, mais unique, le Coréen étant désormais proscrit. Les expropriations des Coréens en faveur des immigrants japonais sévissent sans aucune retenue.

Ce n’est pas tout chaque fois qu’ils le peuvent, les fonctionnaires nippens se livrent à d’odieuses répressions, qui rappellent parfois les supplices les plus raffinés des temps qu’on croyait à jamais disparus. Les témoignages abondent de brutalités révoltantes, principalement à l’égard de jeunes filles. Des rapports de médecins américains en attestent la véracité.

Dès qu’on parle du Japon, j’ai immédiatement dans les yeux le spectacle de ce petit homme étonnant, M. Li Yu Ying, professeur à l’Université de Pekin, qui, du ton le plus calme, ne cesse de proclamer urbi et orbi la similitude des caractères prussien et japonais. Lorsque M. Challaye démontre que la race nipponne se croit privilégiée et d’incarnation divine, il énonce une pensée du même genre. Ni hon ichi, n’est-ce pas un Deutschland über alles très ancien, le modèle de tous les über alles passés et futurs ?

Dans de pareilles conditions, toutes les solutions mixtes, et par conséquent bâtardes, que préconisent d’ardents défenseurs de la Corée et du Chantoung, sont absolument inadmissibles, et doivent être impitoyablement rejetées. Il faut exiger la restauration du droit

Œdipe.
(La Lanterne, 7 avril 1920.)

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Le Gérant : G. Bério.

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