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des contingents en Sibérie. Il accepta, certes, mais en se faisant encore tirer l’oreille, alors que ses troupes étaient prêtes et concentrées depuis longtemps. Voulant agir seul, sans compétitions et surtout sans témoins autour de lui, il sut, par une diplomatie adroite, n’aider les alliés que juste dans la mesure de mettre ces derniers dans l’impossibilité de se maintenir en Sibérie. Il aida au strict nécessaire, les armées tchéco-slovaques à se retirer. Il sut également faire cause commune avec les États-Unis à l’époque où il était favorable pour lui de parler de retirer les troupes de la Sibérie, jusqu’au moment où, seul, ou à peu près seul sur le terrain, il put agir en toute sécurité et envahir la Sibérie.

Nous mettrons simplement sous les yeux de nos lecteurs les nouvelles et les télégrammes les plus importants parvenus depuis le mois de mars dernier sur la question sibérienne ; ils y découvriront aisément tout le plan de conquête du Japon sur ce vaste territoire et la rapidité avec laquelle il accomplit ses desseins.

AMÉRICAINS ET JAPONAIS ÉVACUENT LA SIBÉRIE

New-York, 6 mars. — Le Japon aurait décidé de suivre une politique commune avec les États-Unis en ce qui concerne l’évacuation de la Sibérie.

Le premier détachement japonais embarquerait à Vladivostock le 23 mars. Cette date a été choisie pour le départ des troupes tchéco-slovaques.

On croit savoir à Washington que le Japon éprouve une vive inquiétude sur le développement du bolchevisme, qui s’étend rapidement vers l’Est. Les Japonais favorisent la création d’un État tampon qui les séparera de la Russie administrée par les Soviets. Ils ne voudraient avoir aucun rapport avec la Russie tant que pareil État ne serait pas établi.

On prétend, dans les milieux officiels, que les bolchevistes auraient eux-mêmes préconisé la création d’un État autonome en Sibérie, qui aurait pour capitale Irkoutsk (Havas).

Le Japon pas très certain de l’attitude des populations sibériennes à son égard se réserve une porte de sortie, en cas d’échec, par la formation d’un État-tampon entre lui et les bolcheviki ?

La délégation japonaise n’a reçu aucune confirmation de la note de Tchitcherine concernant une prétendue expédition navale japonaise contre la partie russe de Sakhaline. Les plus récentes nouvelles du Japon rapportent seulement que les bolchevistes, ayant occupé Alexandrovsk sur la côte occidentale de l’île dès le 28 janvier et s’étant depuis cette date avancés dans l’intérieur, le gouverneur japonais de Sakhaline a pris des mesures pour faire rapatrier les ressortissants japonais qui, en vertu du traité de Portsmouth, bénéficient du droit de pêche sur les côtes russes de l’île. Cette opération a été effectuée à l’aide de traîneaux.

(Le Temps, 14 mars 1920.)

Ce sont là des précautions diplomatiques japonaises.

Tokio, 3 avril. Des troupes japonaises ont été envoyées en Sibérie pour porter secours aux Tchéco-Slovaques et jusqu’à leur évacuation complète. Toutefois, en raison de la position géographique de la Sibérie et du Japon, et de la situation actuelle des Japonais en Sibérie, dont la sécurité ne peut être garantie, le Japon ne pourra retirer immédiatement ses troupes, mais il n’a aucune ambition politique en Russie.