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ministrer en commun avec lui les mines et les autres exploitations importantes du pays, ce qui n’est déjà pas mal.

Quant à la Sibérie orientale, le Japon n’aurait aucune intention de s’y installer. Il voudrait seulement protéger ses nationaux qui y sont établis en grand nombre. Enfin, le Japon songerait même à évacuer la Corée.

Ce sont là d’excellentes intentions, bien faites pour rassurer l’opinion américaine qui n’a pas encore pu se résigner à accepter les clauses du traité relatives au Chantoung.

Mais ces belles promesses ne laisseront pas de susciter quelque scepticisme.

Il y a d’ailleurs plusieurs mois que nous les avons entendues pour la première fois, et le gouvernement de Tokio ne parait nullement pressé de les réaliser.

La Corée n’a pas recouvré son indépendance, et le Japon est parvenu à détacher la Transbaïkalie de l’empire des Soviets.

Mais ce n’est là sans doute qu’une solution provisoire.

Georges Moresthe. (L’Ordre Public 8 mai 1920.)
TENTATIVES ALLEMANDES

Les journaux de Chine qui viennent d’arriver relatent le fait que le gouvernement allemand avait, au mois de février, demandé au gouvernement chinois, par intermédiaire de la légation de Chine à Copenhague, d’accepter l’envoi de quatre délégués pour négocier un traité de commerce. Ces quatre délégués étaient MM. von Borch, Wagner, Schirmer et Zimmermann. Le gouvernement chinois avait repoussé ces avances.

Or, le gouvernement allemand est revenu à la charge, en demandant qu’il soit permis à M. von Borch de venir à Pékin comme agent officieux. Le gouvernement chinois examine la question.

D’autre part, deux missionnaires allemands, qui ont l’intention de venir en Extrême-Orient, ont déjà fait viser leur passeport à Berlin par le représentant officiel japonais. Ils ont également présenté leurs papiers à la légation de Chine à Copenhague ; celle-ci n’aurait encore pris aucune décision à ce sujet.

(Le Temps, 10 mai 1920)

Nous faisons remarquer le subterfuge employé par les Allemands à l’aide des Japonais ; ne pouvant obtenir, pour l’instant, des passeports pour la Chine signés des autorités chinoises, ils s’en font délivrer par les Japonais pour Tsing-Tao, Dalny et la Mandchourie ; tournant ainsi la difficulté, ils peuvent se rendre quand même en Chine. Nous savons, d’autre part, que les Japonais ont engagé de nombreux ingénieurs techniques, principalement pour les affaires navales, qui partent actuellement, pour le compte du Japon, en Extrême-Orient, plus particulièrement en Mandchourie et en Mongolie !

(N. D. L. R.)
LES NIPPONS NOUS DONNERAIENT-ILS, DANS LE CHANTOUNG, LA PREUVE QU’ILS SONT LES PRUSSIENS D’ASIE ?

Pékin, mars 1920. — On a dit, écrit et répété que les Japonais étaient les Allemands d’Extrême-Orient. Cette formule se trouve ici admirablement concrétisée.

Dans un cirque d’une nature merveilleuse l’orgueil allemand a planté sans art et sans méthode un décor monumental d’esbrouffe, de bluff et de chiqué. Palais officiels aux architectures de burgs moyen-ageux, modernisés par l’apport de la stylisation munichoise, villas aux silhouettes de châteaux forts, maisons aux allures de casemates, de poudrières et de prisons, tout cela s’étage sur les collines en un étalage de maçonneries granitiques dans des plans biscornus à terrasses et à rotondes, surmontés de donjons, de tourelles casquées de cuivres, de frontons, de dômes et d’épis.