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Nous relevons dans la presse de ces derniers jours :

LE JAPON REPRENDRAIT BIENTÔT LES RELATIONS AVEC L’ALLEMAGNE

Berlin, 6 mai. — Le Berliner Tageblatt publie une longue interview qui lui a été accordée par un des membres de la mission japonaise, actuellement à Berlin.

« Il est indéniable, aurait déclaré notamment le délégué, que l’harmonie n’a pas été toujours absolue, pendant la guerre, entre le Japon et les États-Unis. D’ailleurs, quelles que soient nos alliances actuelles, l’attitude du Japon vis-à-vis de l’Allemagne économique est absolument amicale et bien intentionnée.

« Les hommes d’affaires japonais ont l’intention de reprendre avec l’Allemagne leurs relations dans le plus bref délai possible. Mais, ce qui demeure actuellement le plus grand obstacle au développement des affaires entre les deux pays, c’est le taux du change. Le premier problème à résoudre sera celui-là. »

Le délégué japonais a annoncé également que toutes les lignes maritimes établies entre Hambourg et le Japon allaient être réorganisées et développées énormément. Déjà, un grand nombre de firmes japonaises prennent toutes leurs mesures pour établir en Allemagne des comptoirs et des succursales.

(La Petite République. 7 mai 1920.)
LES RELATIONS ENTRE LE JAPON ET L’ALLEMAGNE

Le Japon est l’héritier direct de l’Allemagne en Extrême-Orient.

Par l’article 156 du trait de Versailles, le Reich renonçait, en faveur du Japon, à tous ses droits, titres et privilèges concernant le territoire de Kiao-Tchéou et la province du Chantoung. Le chemin de fer de Tsing-Tao à Tsiuanfou et ses embranchements, les câbles sous-marins de Tsing-Tao à Tchéfou, ainsi que les droits mobiliers et immobiliers que l’État allemand possédait dans le territoire de Kiao-Tchéou, sont devenus propriété du Japon, francs et quittes de toutes charges, en vertu des articles 156 et 157 du traité.

Or, un membre de la mission diplomatique japonaise actuellement à Berlin a déclaré à un collaborateur du Berliner Tageblatt que le gouvernement de Tokio était prêt à payer une indemnité à l’Allemagne pour le chemin de fer du Chantoung dès qu’il serait prouvé que ce réseau appartenait à une société par actions, c’est-à-dire à des particuliers allemands et non à l’Empire.

Le délégué japonais a ensuite insisté sur le désir que le Japon avait d’entretenir d’excellentes relations avec le Reich. L’opinion nipponne serait tout à fait favorable à une entente cordiale avec la république d’Empire. Elle tient à faire avec le Reich le plus d’affaires possible et le plus tôt qu’il se, pourra. Déjà une importante ligne de navigation japonaise envoie chaque mois ses paquebots faire escale à Hambourg et elle se dispose à intensifier le trafic avec le grand port de l’Elbe. D’importantes firmes japonaises ont déjà des succursales en Allemagne.

Le Japon est prêt à fournir aux Allemands du cuivre et de la soie et il leur demande en échange de la potasse et des produits chimiques. Pour remédier à la baisse du mark, il consent à ouvrir des crédits à ses anciens ennemis et, « conformément aux principes loyaux qui sont la base de sa politique, il est disposé à ne pas agir d’une façon mesquine ».

Comme on le voit, le Japon tient à l’amitié des gens qu’il a vaincus et ceux-ci paraissent disposés à ne pas lui garder rancune de leur défaite.

Le délégué nippon a parlé également des rapports de son pays avec la Chine et de la question de la Sibérie Orientale.

Il a affirmé que le Japon suivait une politique désintéressée en Extrême-Orient, qu’il ne demandait qu’à s’entendre avec la Chine et qu’il était prêt à retirer ses troupes du Chantoung ; il lui suffisait que la Chine acceptat d’ad-