la destruction de l’autocratie, c’est contre ces nations mêmes que devraient se retourner leurs propres armées.
L’Angleterre qui est, de fait, la nation vaincue n’a aucun droit à parler haut et prétentieusement comme elle le fait. Quant à l’Amérique, elle ferait mieux de ne pas tant proclamer ses beaux principes jusqu’à ce qu’elle soit à même de les imposer à l’ennemi par la force des armes.
En ce qui concerne le Japon, son but dans cette guerre a déjà été atteint : occupation de Tsing-Tao et maintien de la paix en Orient C’est la protection de l’Orient seule qui a motivé la participation du Japon à la guerre ; la destruction de l’autocratie en Allemagne n’entre pas dans son programme. Pour moi, écrit le professeur Fukuda, je ne crois pas que le maintien de la paix en Orient exigeait que le Japon déclarât la guerre à l’Allemagne. Mais il n’y a pas à revenir sur ce qui a été fait Au sujet de la Russie, l’auteur adresse aux Alliés les mêmes violentes critiques. En usant de contrainte sur le pauvre peuple russe afin de maintenir la Russie en guerre avec l’Allemagne, les Alliés n’ont eu que le souci égoïste de leurs propres intérêts ; ils ont commis la même injustice dont ils se sont rendus coupables par leurs efforts désespérés pour séparer le peuple allemand de son gouvernement……
L’Information d’Extrême-Orient, n° du 27 novembre 1918, p. 26 et suivants :
Le Dr Miyake, directeur du Nihon Oyobi Nihonjin, écrit dans le Mainichi un article sur la paix et l’avenir du Japon, dont nous détachons certains passages dignes de remarque.
« À la Conférence de la paix se discuteront quelques questions asiatiques qui intéressent particulièrement le Japon. Si l’Augeterre réussit à conserver les anciennes colonies allemandes des Îles du Sud situées au-dessous de l’équateur, celles de ces colonies situées au nord de cette ligne pourront devenir la part du Japon En ce qui concerne Tsingtao, la restitution en a été promise à la Chine par le ministère Okouma, et, quelques critiques qu’ait soulevées cette promesse au moment où elle fut faite, il n’y a pas à revenir là-dessus. Si Tsingtao nous échappe, n’en ayons pas trop de regrets, car nous sommes en mesure d’obtenir pleine compensation en Mandchourie et en Mongolie. En ce qui concerne la Sibérie, elle est convoitée par l’Amérique qui y déploie beaucoup d’activité. L’Amérique n’ira pas jusqu’à s’emparer de territoires dans cette région, mais elle y deviendra le plus terrible rival économique du Japon. Il ne serait que juste que les Etats-Unis qui connaissent la situation prédominante du Japon en Extrême-Orient fissent droit aux réclamations japonaises en Sibérie, mais il est douteux qu’ils fassent preuve de tant de magnanimité. Il y aura antagonisme entre les intérêts japonais et américains en Sibérie ; si l’on n’arrive pas à les concilier, quelle sera l’attitude de l’Angleterre ? Ses relations avec l’Amérique sont devenues assez intimes pour qu’elle ne soutienne pas contre celle-ci les demandes du Japon par simple égard d’alliée. L’alliance anglo-japonaise a pu avoir sa raison d’être tant que la Russie et l’Allemagne restaient pour l’Angleterre et le Japon des rivaux formidables, ce qui n’est plus le cas maintenant que la Russie et l’Allemagne ont perdu leur ancienne puissance. Si le Japon ne peut plus compter sur l’aide de l’Angleterre, il sera réduit à un isolement auquel il importe de chercher dès 1uaintenant un remède. »
Le Dr Miyake parle alors d’une alliance entre le Japon et l’Allemagne. L’Amérique est appelée, selon lui, à disposer d’une influence prépondérante dans les affaires de politique mondiale. Le Japon n’aura dès lors le choix qu’entre deux politiques une politique humble et Soumise aux desseins de l’Amérique, ou une politique indépendante et forte, grâce, au besoin, à une alliance avec l’Allemagne. On se souvient, écrit le Dr Miyake, que la conclusion d’un accord russo-japonais produisit, il y a quelques années, un effet calmant salutaire sur les agissements de l’Angleterre et de l’Amérique ; si l’on peut espérer obtenir un pareil résultat d’un accord avec l’Allemagne, l’opportunité d’un tel accord