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« La Grande-Bretagne donnera un avis formel au Japon le 20 juillet de ses intentions de dénoncer le Traité d’Alliance qui expire dans un an. Cet acte ne sera que la procédure régulière des affaires en matière de Traité et n’implique aucune idée de rupture entre les deux pays.

« On annonce, aujourd’hui, que le Traité sera probablement renouvelé, et en ce cas, il est certain qu’il comportera une clause, en l’état actuel des choses, de sauvegarde pour la Grande-Bretagne contre un appel de son appui au Japon dans une querelle avec l’Amérique.

« Ce sera le premier Traité, ayant une certaine importance, qui sera soumis à l’approbation de la Ligue des Nations, et, à moins d’un changement possible de sa politique, l’Amérique ne pourra pas intervenir dans la discussion de cette alliance où ses intérêts sont si vitalement en jeu. Cette discussion fera également découvrir le Traité secret intervenu entre la Chine et le Japon en 1918, qui, on suppose, donne au Japon un véritable contrôle dans les affaires militaires et dont les termes n’ont pas été communiqués à l’Angleterre. »

(Par John Steele, Chicago Tribune, Paris, 7 mai 1920)

« J’ai interrogé une éminente personnalité japonaise de passage à Londres, sur le traité d’alliance anglo-japonais. Je lui ai demandé si le traité serait renouvelé :

« Cela ne fait pour moi aucun doute, me répondit mon interlocuteur. Le traité conclu entre la Grande-Bretagne et le Japon en 1902, renouvelé en 1911, constitue la base, le pivot de toute notre politique étrangère. Vous remarquerez, ajouta-t-il, que ce traité prévoit, dans son article 4, une prolongation automatique tant qu’il n’aura pas été dénoncé, avec 12 mois de préavis par l’une des hautes parties contractantes. Nos rapports avec la Grande-Bretagne et les Dominions sont aussi bons aujourd’hui qu’ils l’ont été dans le passé. En Sibérie, nous nous sommes efforcés de remplir loyalement la tâche que nous imposait notre coopération avec les alliés. Aussi, le progrès de nos entreprises commerciales, pendant la guerre, a suscité des jalousies, en particulier de la part de négociants et de firmes de la Grande-Bretagne.

Il est évident que le Japon, par sa position géographique, était mieux placé que tout autre pays étranger pour satisfaire, pendant la guerre, aux besoins du marché chinois. Les rivalités commerciales de certaines branches de l’exportation britannique ne sauraient envenimer les rapports les plus cordiaux qui existent entre les deux pays. Tout au plus, pourraient-elles donner lieu à certaines négociations, en vue d’une meilleure entente économique entre la Grande-Bretagne et le Japon… »

(Correspondant spécial du Temps, 8 mai 1920.)

Un accord anglo-américain sera probablement la base du nouveau Traité :

« Le Japon commence à s’apercevoir que sa politique extérieure et son attitude, particulièrement en Chine, sont cause de méfiance et de soupçon en Angleterre et en Amérique et que cette politique pourrait affecter considérablement le renouvellement de l’alliance anglo-japonaise. On a la certitude au Japon, d’après le correspondant du Morning Post, que le renouvellement de cette alliance se fera sur de nouvelles bases.

« Malgré que le Japon donne l’assurance qu’il a toujours été sincère vis-à-vis de cette alliance, le développement agressif de ses intérêts en Chine a éveillé les suspicions de l’Angleterre et des Etats-Unis..Chaque acte de l’Angleterre et de l’Amérique qui confirme l’existence de.cette méfiance est immédiatement grossi, exagéré, déformé par la presse japonaise et en augmente d’autant plus la méfiance.

« Les plans de l’amiral Jellicoe de faire de Singapore une forte base navale avec une puissante flotte pour l’Australie, et l’augmentation de la puissance navale de l’Amérique dans le Pacifique indiquent suffisamment