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Londres, 28 mai. — Les hostilités entre la Russie et le Japon ont cessé le 25 mai. La Commission russo-japonaise pour l’armistice est arrivée à Khabarovsk.

(Havas.)

On mande de Vladivostok, 30 mai, que Tchitcherine a notifié au gouvernement de Verkhne-Oudinsk que la République des Soviets reconnaît la République extrême-orientale et qu’elle est disposée à entrer en relations avec elle.

(Le Temps, 1er juin 1920.)

Jusqu’à cette heure, la question sibérienne n’est pas encore solutionnée, et les événements qui depuis la guerre semblent dépasser la compréhension et la volonté des hommes, nous apprendront par la suite, le sort de cette immense région.

Il nous a paru intéressant de donner in fine quelques opinions autorisées sur cette question.

JAPON ET SIBÉRIE

« En examinant l’autre jour, les différents plans que pourrait adopter le gouvernement de Tokio dans le cas où la politique du parti militaire triompherait définitivement nous avons émis cette opinion que, selon toute probabilité, c’est la « recherche d’une nouvelle influence centrale » qui serait entreprise.

Cette « influence centrale », avons-nous dit, ne peut, naturellement, être ni le Gouvernement provisoire d’Irkoutsk, ni les organes de self-gouvernement local — comme les Zemstwos ou les municipalités — car ce n’est pas là qu’on peut trouver les instruments dociles de l’État-Major japonais.

La déclaration par laquelle le Zemstwo de la Province Maritime annonce la prise provisoire du pouvoir politique dans la région confirme nos prévisions.

« L’intervention étrangère, dit cette déclaration, rendant le travail des Russes plus difficile que jamais et ayant tendance à fomenter la lutte intérieure préjudiciable à la restauration de l’ordre, des efforts spéciaux doivent être faits pour maintenir l’ordre et éviter ainsi la continuation de l’intervention étrangère. L’assistance nécessaire sera donnée au passage des Tchèques. »

Ceci ne peut être considéré que comme une invitation polie adressée aux Japonais de cesser toute « assistance » ultérieure aux Russes qui la déclinent et aux Tchèques qui n’en ont plus besoin puisque le nouveau Gouvernement s’en charge.

Cette déclaration officielle empêche le Gouvernement de Tokio de toute possibilité de dissimuler sa politique d’agression derrière la soi-disante protection de la population de Sibérie contre la menace des Soviets.

Désormais, tout maintien ultérieur de ses troupes en Sibérie Orientale signifierait que le Japon s’oppose non seulement au bolchevisme, mais à toutes les institutions démocratiques russes.

Ainsi l’espoir de certains hommes d’État japonais d’encourager les éléments démocratiques de Sibérie à continuer la lutte fratricide avec l’appui des baïonnettes nipponnes pour consolider l’emprise du Japon jusqu’au lac Baïkal doit être abandonné.

M. Kato, étant sur place, s’en est déjà rendu compte et a suggéré dans son interview de Séoul, que le Japon ne peut s’appuyer que sur son agent Sémenoff et ses Cosaques.

La Transbaïkalie, le domaine de Semenoff était la seule des trois provinces de Sibérie Orientale dont l’attitude, par suite de manque de télégrammes, n’était pas connue jusqu’ici.