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Une grève générale éclata dans toutes les manufactures et même dans le service de tramways appartenant aux Japonais. Les écoles et les boutiques furent fermées pendant plus d’un mois jusqu’à ce que les soldats japonais forcèrent les enfants à aller en classe et les marchands à reprendre leurs affaires, sous peine de torture et de mort s’ils refusaient.

Ainsi qu’il est mentionné dans la Déclaration de l’Indépendance, aucune violence ne fut faite par les Coréens et la manifestation d’un bout à l’autre de la péninsule eut un caractère absolument pacifique.

Aussitôt que l’armistice fut déclaré, les étudiants Coréens à Tokio (Japon) au nombre de 800, commencèrent à considérer le sort de la Corée comme dépendant de la Conférence de la Paix à Paris.

Une proclamation de l’Indépendance de la Corée, pour se libérer du Gouvernement Japonais, fut rédigée au nom de la a Ligue des jeunes Coréens pour l’Indépendance nationale » et des copies en furent envoyées aux ambassadeurs étrangers et aux ministres de Tokio.

Après l’arrestation de ces étudiants le mouvement continua avec une nouvelle énergie ; et maintenant presque tous les étudiants Coréens au Japon — environ un millier — l’ont quitté pour faire cause commune avec leurs compatriotes en Corée et en Chine. De ce nombre étaient environ 800 Coréens d’Universités et de Collèges, tandis que les 200 autres suivaient les classes moyennes.

Les Coréens en Sibérie et en Mandchourie répondirent à l’appel de la mère Patrie, et les leaders se réunirent à Shanghai en un Conseil général des nationalistes Coréens, tandis que des démonstrations des colons Coréens se produisirent dans les diverses citées des provinces de Kirin et de Fengtien.

Cependant les consuls Japonais firent pression sur les autorités chinoises de ces deux provinces mandchouriennes, et dans quelques cas, les autorités Chinoises réprimèrent les mouvements à la façon des Japonais en Corée. Dans une ville du Fengtien les soldats Chinois firent feu sur des Coréens sans armes et huit Coréens furent tués et il y eut quantité de blessés. Comme suite à cela le journal de Pékin écrivit en avril : « À la requête de la Légation Japonaise à Pékin, le Gouvernement Chinois a donné l’ordre aux autorités de Luin, et, particulièrement à celles de Chien-tao, d’aider le Consul Général Japonais à supprimer toutes les activités des Coréens dans cette région ».

Les Coréens d’Amérique soumirent une pétition au Gouvernement des États-Unis pour que ce dernier prît en considération, et en assistance le Cas de la Corée à la Conférence de la Paix. Cette pétition s’appuyait sur l’Article premier, paragraphe 2, du premier traité entre les États-Unis et la Corée de 1882, ainsi conçu : « Si d’autres puissances agissent injustement ou oppressivement avec l’un des deux gouvernements, l’autre exercera ses bons offices, aussitôt informé du cas, pour amener un arrangement, montrant ainsi ses sentiments amicaux ».

Dans l’intervalle, l’Association Coréenne Nationale d’Amérique élut trois délégués, Docteurs Syngman Rhee et Henry Chung et le Révérend C. H. Min pour joindre les délégués de l’Extrême-Orient à Paris pour soutenir l’appel devant la Conférence de la Paix. Cependant ces trois personnes ne parvinrent pas en France à cause des difficultés de passeport par suite de l’opposition du Japon.

Sans être découragé par tant d’obstacles ou par ce semblant d’insuccès, il fut décidé de faire tout ce qui serait possible pour soumettre le cas de la Corée au sens de justice du monde. Des lettres et des pétitions furent envoyées directement à la Conférence de la Paix et au Président Wilson.

Un Congrès fut réuni à Philadelphie du 14 au 16 avril 1919, plus de 150 représentants (des Coréens aux Etats-Unis, à Hawaï et à Mexico et d’un