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lui reprocher — n’est pas pudique ; tandis que la Coréenne est extrêmement pudique ; elle est toujours surchargée de vêtements blancs ; elle a l’air souvent dans la rue d’une vieille première communiante… Eh bien, cette Coréenne très pudique, on l’a obligée à se dévêtir complètement et à rester souvent des minutes entières en présence d’autres Coréens ou de docteurs japonais. Ceux-ci lui ont fait passer une visite médicale qui lui paraissait très choquante. Elle a ensuite été interrogée par des juges japonais qui l’ont critiquée violemment ou l’ont ridiculisée lourdement. Certains de ces interrogatoires font mal à lire : par exemple, un juge japonais se moque d’une étudiante : « Comment ! vous voulez que votre pays soit indépendant et vous n’avez pas de fusils, pas de canons, pas de navires de guerre ? » Dans d’autres cas, on les a enfermées, réduites à l’immobilité la plus complète, ne leur laissant la possibilité de se promener que pendant quelques instants. D’autres ont été frappées à coups de talons sur les cuisses. Je tiens enfin d’un Français, qui le tenait d’un autre Français, témoin oculaire, le fait suivant : un policier ayant arrêté et renversé une de ces jeunes filles, lui donnait des coups de talon… Sous les coups de talon, elle continuait à crier Manzeï ! jusqu’au moment où elle s’est évanouie…

« Voici encore un fait que je ne peux pas mettre en doute : il s’est produit dans un village où les chrétiens avaient réclamé l’indépendance. La police japonaise convoqua les chrétiens à l’église, au Temple ; ils étaient au nombre de 36, une femme s’était jointe aux hommes, soit 37 personnes. La police japonaise a fusillé à l’intérieur de l’église, les 37 personnes, et a mis ensuite le feu à l’église. L’ambassade américaine a immédiatement envoyé en automobile le vice-consul d’Amérique, que j’ai eu l’occasion de voir quelques jours après. Il m’a garanti le fait en me montrant les photographies qu’il avait prises du temple où brûlaient les cadavres…

« Ce fait positif, précis, permet de croire à la vérité de cette affirmation coréenne, qu’un certain nombre de villages ont été brûlés pour la raison qu’ils réclamaient l’indépendance. Voilà ce qui se produisait en Corée quand j’ai passé là-bas. Je crains malheureusement que des faits de ce genre ne se produisent aujourd’hui encore, puisque les journaux ont annoncé que le mouvement de révolte coréenne a recommencé le premier janvier de cette année. »… etc.

« C’est l’impérialisme japonais qui menace la paix en Extrême-Orient. M. F. Challaye, un ami du Japon cependant, élève une courageuse protestation en faveur de la Corée et du Chantoung. Le grand espoir de ces peuples, leurs souffrances et leurs sacrifices pour la liberté ont inspiré à l’auteur des pages délicates et émouvantes. »

(Le Radical, 27 avril 1920.)

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