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UNE CONFÉRENCE
de
M. le Professeur F. Challaye


Le 8 janvier dernier, sous les auspices de la Ligue des Droits de l’Homme, dans une belle réunion tenue dans la Salle de la Société de Géographie du boulevard Saint-Germain et sous la présidence de M. Aulard professeur à la Sorbonne, d’éminents orateurs sont venus défendre la cause de la Chine et de la Corée.

Nous sommes heureux de pouvoir donner ici quelques extraits de la conférence si substantielle que prononça avec beaucoup d’éloquence M. le professeur F. Challaye à cette réunion et qui vient d’être publiée par les soins de la Ligue des Droits de l’Homme dans une petite brochure intitulée : « La Paix menacée en Extrême-Orient ».

M. le professeur Challaye, chargé de mission en Extrême-Orient par le Gouvernement français en 1919, a donc été un témoin des événements qu’il nous relate et cela en toute impartialité ; il prend du reste la peine de le bien dire lui-même au début de sa conférence :

« … J’ai eu le privilège, au cours de ces derniers mois, de passer par Tsinan-Fou, la capitale du Chantoung, et de traverser la Corée ! Par un curieux concours de circonstances, c’est un vieil ami du Japon qui va, devant vous, défendre, contre l’impérialisme japonais, le droit du Chantoung et de la Corée, le droit qu’ont les Chinois sur le Chantoung et les Coréens sur la Corée. Permettez-moi d’abord cet aveu destiné à vous garantir mon impartialité. Ayant vécu à diverses reprises au Japon, j’ai beaucoup aimé, j’aime encore certains aspect de la vie japonaise et du caractère japonais, etc., etc. »

LA CORÉE SOUS LA DOMINATION JAPONAISE

« Ce que je désire vous montrer — puisque nous sommes en une réunion de la Ligue des Droits de l’Homme — c’est comment les droits de l’homme et le droit des peuples ont été violés en Corée ; c’est la situation qui résulte pour les Coréens de l’annexion.

« Le Coréen, à l’heure actuelle, ne peut d’abord plus pénétrer dans son pays quand il vient d’ailleurs si la police ne le permet pas. J’ai vu de mes yeux à Shimonoséki, les policiers arrêter les Coréens qui allaient prendre le même bateau que moi pour retourner en Corée ; la police leur interdit de circuler à l’intérieur du pays sans une justification précise, sans qu’ils rendent compte des raisons qu’ils ont de se déplacer ; et si l’on