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Attendu que nous sommes actuellement en droit une Nation et un État indépendants, nous vous prions d’affermir votre droit en établissant une Légation à Séoul, ou en prévision de cet établissement, de nous aider à porter notre cause devant le Tribunal de La Haye afin que notre réclamation juste et légale de notre Indépendance soit pleinement établie, etc…

Entre temps, l’Empereur de Corée avait envoyé à Washington le Professeur Hulbert. Il fut envoyé une seconde fois, en 1907, au Tribunal de La Haye pour y soutenir la cause coréenne. Mais le Japon tenu au courant des moindres gestes des coréens, force l’Empereur Yi, alors sans soutien et isolé au milieu des traîtres à la solde du Japon, pour faire échouer la revendication, à abdiquer en faveur de son fils le 19 juillet 1907, prince malheureusement arriéré et idiot dont les Japonais se serviront comme d’un pantin !

Le couronnement de ce triste prince, moralement et physiquement irresponsable, fut une rapide et vaste comédie organisée par les Japonais. Le vieil Empereur ainsi que son fidèle ami, M. de Plançon, Consul général de Russie à Séoul, furent tenus à l’écart de cette burlesque cérémonie, où l’on craignait que leur présence ne ranimât de sentiment de dignité des Coréens de la Cour devant la réalité des évènements.

Le 30 juillet 1907, quelques jours à peine après l’abdication forcée de l’Empereur Yi, le général japonais Hasegawa prononçait la dissolution de l’armée coréenne et prenait le commandement en chef des troupes japonaises d’occupation. Vingt-quatre heures furent données pour désarmer et renvoyer les hommes des troupes coréennes. Quelques troupes résistèrent, mais elles furent rapidement réduites au silence à coups de canons et de mitrailleuses.

Il fut désormais interdit à tout coréen de posséder des armes quelconques même ses couteaux de cuisine !


Plus aucun obstacle ne gêne le Japon. Il fera signer toutes les conventions qu’il désire à ce nouvel et triste empereur, véritable jouet dans les mains nippones. (Signalons à titre documentaire la convention du 12 juillet 1909 qui donne au Japon l’entière administration de la justice et des prisons).

Pourquoi se gênerait-il ? Il ne lui reste plus qu’à incorporer d’une façon définitive la Corée ! Il extorquera donc une dernière fois, toujours sous la menace des fusils et des mitrailleuses, les mains ligotées, le revolver et le poignard sur la gorge, le dernier traité d’Annexion de la Corée du 22 août 1910. Faisant disparaître ainsi pour toujours, croit-il, la Nation et la Civilisation coréennes. Il efface à jamais, croit-il encore, le nom de la Corée de la carte du monde. Mais il laisse « Chosen », il oublie que de Chosen renaîtra la Corée !

Traité d’annexion de la Corée du 22 Août 1910

S. M. l’Empereur du Japon et S. M. l’Empereur de Corée, en vue des relations spéciales et étroites entre leurs pays respectifs, désirant augmenter le bien-être commun des deux nations et assurer la paix permanente en Extrême-Orient et étant convaincus que ces buts pourront être le mieux