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Article 12

Les onzes articles précédents sont applicables à la date de la signature du Traité, et seront observés par les deux parties contractantes fidèlement et invariablement, ce qui assurera aux deux pays une amitié perpétuelle.

Le présent traité est exécuté en double, et des copies seront échangées entre les deux parties contractantes.

En foi de quoi, nous, Représentants plénipotentiaires du Japon et de la Corée, nous avons apposé nos sceaux ci-dessous, au 26e jour du second mois de la neuvième année du Meiji et la 2536e depuis l’avènement du Jimmou Tenno ; et, selon l’ère Coréenne, le 2 jour de la seconde lune de l’année Heishi, la 485e depuis la fondation de la Corée.

Le 24 août suivant, le Gouvernement coréen confiant en la parole et en la bonté du Japon lui accordait les deux ports de Fousan et Chusei en vertu de l’article 5 du Traité de Kang-Hoa.

Cependant le grand diplomate chinois Li-Hong-Tchang pressentait les intrigues que tramait le Japon en Corée. Il conseillait dès 1879 au Gouvernement coréen de prendre des précautions :

« Dans les conjectures actuelles, il convient, ne semble-t-il pas, de neutraliser l’action du venin par le venin et, s’il s’agit d’ennemis, de pouvoir les opposer les uns aux autres. Il importerait de profiter de toute occasion qui se présenterait de vous lier successivement par des traités avec tous les États occidentaux, vous vous servirez d’eux pour contenir le Japon ! »

La Chine, qui avait toujours été une sincère et excellente conseillère pour la Corée, lui dessillait les yeux et l’engageait à ouvrir son commerce aux relations occidentales, alors que le Japon recherchait l’exclusivisme.

Le Japon ne s’aventurait que prudemment toutefois, gagnant progressivement la confiance des coréens, intervenant astucieusement dans la politique et les affaires intérieures du pays. Il avait devant lui un obstacle formidable : la Chine. Il ne l’ignorait point du reste et il était politique pour le Japon d’attaquer la Chine par la Corée et au moyen de la Corée. Aussi, au moment des troubles anti-japonais qui se manifestèrent dans la population coréenne en 1882 et en 1884 ferma-t-il les yeux et gagna ainsi utilement du temps.

Il y avait à la tête du gouvernement coréen deux souverains très énergiques. Le Roi Yi-Hié et la Reine Minn avaient compris tous deux le danger japonais, ils écoutaient sagement les conseils de la Chine. Mais terriblement gênant pour le Japon, nous verrons plus loin comment il se débarrassa successivement de chacun d’eux.

Sous le gouvernement de ces deux Souverains, la Corée fit de nombreux et utiles traités avec les puissances étrangères.

Le premier en date est celui contracté avec les États-Unis d’Amérique en mai 1882 :

Extrait du Traité d’Amitié et de Commerce du 22 mai 1882.

Art. premier. — « Il y aura paix et amitié perpétuelle entre le Président des États-Unis et le Roi de Corée et entre les citoyens et les sujets de leurs gouvernements respectifs.

Si les autres puissances agissent injustement ou oppressivement envers l’un de ces deux Gouvernements, l’autre emploiera ses bons offices aussitôt informé, pour amener un arrangement amical, montrant ainsi leurs sentiments amicaux. »