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XXIX.


Elle avait des laquais plus sûrs que les esclaves
Qui dans les temps Romains ourlaient des laticlaves
Assis dans l’Atrium près des tares puissants :

Elle avait des lingots plus pesants que sa tête,
Des plats d’argent, que l’on sortait, les jours de fête,
Du grand bahut de chêne aux contours ciselés ;

Elle avait un parc où des sources incertaines
Coulaient en fins ruisseaux, jaillissaient en fontaines,
Sous l’ombre des saules pleureurs échevelés ;
— Maintenant, son jardin sera le Cimetière
Où l’on dort, où l’on est bien tranquille — ma chère !


MAURICE QUILLOT.


29 janvier 1891.




LA SUAVE AGONIE




Pourquoi tes Yeux sont si grands, ce soir ?…
Et, dans ces flammes de soleil mortes,
Toi qui vas mourir, que veux-tu voir ?


Pourquoi ces baisers purs vers le soir ?
Pourquoi de ta main pâle tu portes
Lentement, des sourires secrets,


Comme des fleurs vaguement données
A des vierges aux regards sacrés,
Qui dans l’air passent couronnées ?…


Toi, qui verras ailleurs le Matin,
O ma chère agonisante, admire.
Parmi ces brouillards tendres de myrrhe.


Les salutaires Voix d’or lointain…


PAUL VALÉRY.