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Avec leur cierge à la flamme pâle
Qui frissonne au vent de l’encensoir,
Ils s’amusent ainsi, sans savoir
Et font des points blancs sur une dalle.

Ils se répètent un joyeux nom
Avec de petits éclats de rire,
Lançant des gouttelettes de cire :
Et ron ron ron, petit patapon !



Quand la Grand’Messe sera finie,
Et chanté le long « Pie Jesu »,
Jetant leur vieux surplis décousu
Et l’ennui de la cérémonie,

Ils s’en iront jouer « au voleur »
À côté du vague cimetière,
Où les Défunts disent leur prière
Parmi la grande aubépine en fleur,

Mais à présent, hélas ! on s’ennuie :
Il faut rester debout trop longtemps,
Écouter des sanglots, — et des chants
En latin, tristes comme la pluie.



Et puis, c’est ce grand catafalque
Avec mille cierges vacillants
Qui font de tout petits points brillants.
— Les yeux fixés sur le tabernacle,

Ils ont un rire très ingénu ;
Ils ne savent pas pourquoi c’est triste
Car ils n’ont jamais lu le Psalmiste
Qui dit que nul n’en est revenu

De cette Grand’Mort accapareuse.
— Et quand l’enfant de chœur aux doux yeux
Où se reflète un morceau des Cieux,
Retourne sa figure si joyeuse,

Il voit les Endeuillés, et tous Ceux
Qui pleurent sur cette tombe fraîche…
Alors — mon doux Jésus de la Crèche —
Il lui vient deux larmes dans les yeux !


IV
Les Indifférents.

Elle avait des palais aux blanches colonnades,
Où les rares satins s’écrasaient en torsades,
Parmi les ors, parmi les fleurs, parmi l’encens ;