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— La peureuse a fui l’idée
De cette mort vague qui plane :

Quand vous serez vieille et ridée,
Des vers boiront votre crâne.

— Et je cherche la césure
Des vers que j’écris pour la Morte,

Parceque j’ai souffert d’une incroyable blessure
En voyant la Grand’Mort qui poussait d’un doigt la porte,
Et chantait de sa voix si lente et si magnanime
Qui tremble un peu, ce chant d’adieu bien triste, qui rime :

« Voilà ! ton règne est passé,
Ton sablier est cassé.
Ton corps est déjà glacé ;
Requiescat in pace. »


II
L’Amant.

L’odeur de ses cheveux, vagabonde,
À fleuré dans mon cœur pendant toute une nuit,
Une nuit où le rêve qui s’enfuit
Cherche dans l’ombre tiède une voix qui réponde.

La fleur des yeux où Dieu se reflète,
À fleuri dans mon cœur pendant toute une nuit,
Et ce cœur redemandait le bruit
Du baiser que mendie une bouche inquiète.

La tiédeur de sa gorge veinée
À flambé dans mon cœur pendant toute une nuit,
Et je croyais voir le soleil qui luit,
Inonder de printemps une neige fanée.



Je mettrai ses petits souliers
Familiers,
Comme autrefois au pied du lit
Où, dans les dentelles, pâlit
— Ô souvenir des jours d’Espoir —
Le petit bonnet blanc à ruche, — du Soir _


III
Les Innocents.

Ils sont gentils, les Enfants de chœur,
Ils ont des cheveux bouclés qui frisent,
Des gaîtés dans leurs prunelles grises,
Et des baisers sur leur bouche en cœur.