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Verse le réchauffant trésor de Ton grand Cœur
Sur ce front pâlissant que la fièvre dévore,
Pourfaire qu’en ce sein redouble la Fetveur,
Divin Crucifié, pâle comme l’Aurore. »

D’autres Voix chantèrent alors
A Jésus le Miséricors

« Christ, voici devant toi les Nuques suppliantes
Tendant leur chair si blonde à tes baisers d’Amant
Vois, sous l’or des cheveux aux frisures charmantes
L’humble soumission, Jésus, de tes servantes,
Qui, lasses des humains aux amours décevantes
Viennent à ton autel avec égarement. »

Puis reprit le colloque
De Marie Alacoque

« Comme la flamme de ce cierge,
Je suis pure, ô Roi, je suis vierge
Ce cœur que nul n’a possédé,
C’est à toi que je ï’ai cédé,

Et je veux qu’il frissonne au vent de ta caresse
Comme un lys indolent au baiser du zéphyr,
Et qu’il s’endorme, endolori, plein de paresse,
Tout fier d’avoir été l’Elu de Ton Désir. »

Les Voix remontèrent alors
A Jésus le Miséricors

« On nous a dit que tu voulais des pécheresses
Pleurant leur repentir près de ton piédestal,
Que ton Cœur demandait d’innombrables maitresses
Aux savantes vertus, aux nerveuses détresses,
Et que tu te plaisais à dénouer les tresses
Où rôde le parfum énervait du santal ? »

Là finit le colloque
De Marie Alacoque

« Pour Toi, j’irai sous le suaire
Gravir pas à pas Ton calvaire
En chantant un hymne éperdu
Oà tout mon Cœur soit répandu.

J’aurai sur mon èpàulo innocente et meurtrie,
La palme du martyre et de l’Eternité,
Et ma lèvre, dans la prière, si flétrie,
Te retrouvera, sans t’avoir jamais quitté. »