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Mais la lune s’amuse aux myrtes allongés
Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine!
Chair pour la solitude éclose tristement
Qui se mire dans le miroir au bois dormant,
O chair d’adolescent et de princesse douce
L’heure menteuse est molle au rêve sur la mousse
Et la délice obscure emplit le bois profond,
Adieu Narcisse, encor Voici le Crépuscule.
La flûte sur l’azur enseveli module
Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont
Sur la lèvre de gemme en l’eau morte, ô pieuse
Beauté pareille au soir, Beauté silencieuse,
Tiens ce baiser nocturne et tendrement fatal,
Caresse dont l’espoir ondule ce crystal
Emporte la dans l’ombre, ô ma chair exilée
Et puis, verse pour la lune, flûte isolée,
Verse des pleurs lointains en des urnes d’argent.

(Fragment) PAUL VALÉRY.


TRISTESSE


Espérance, va t’en fuis, vain nuage rosé passé.
Qui crèves dès qu’un vent dans le ciel est passé.
Arrière 1 ô souvenirs, mon âme vous est close
A quoi bon m’attendrir sur un rêve effacé ?

Vierge pâle aux yeux d’or en ma tristesse éciose,
Ouvre tes bras d’ivoire à ton amant lassé.
Que sur mon front brûlant ta main froide se posé
Et donnons sur des fleurs dans l’oubli du passé.

Viens ! dans un marbre dur j’ai creusé notre couche.
Lorsque j’aurai rivé mes lèvres à ta bouche
O Mort ! nul ne pourra troubler notre sommeil.

Vierge pâle aux yeux d’or, œaîiîessc caressée,
Viens me donner enfin le repos sans réveil
La place est toute à toi, j’ai tué ma pensée !

EUGÈNE HOLLANDE.