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LE PARC



Quand nous avons vu que la petite porte était fermée
Nous sommes restés longtemps à pleurer ;
Quand nous avons compris que ça ne servait pas à grand chose,
Nous avons repris lentement le chemin.

Tout le jour, nous avons longé le mur du jardin,
D’où parfois nous venait des bruits de voix et de rires ;
Nous pensions qu’il y avait peut-être des fêtes sur l’herbe,
Et cette idée-là nous faisait mélancoliques.

Le soleil vers le soir a rougi le mur du parc ;
Nous ne savions pas ce qui s’y passait, car on ne voyait
Rien que des branches qui, par-dessus le mur s’agitaient
Et qui laissaient de temps en temps tomber des feuilles.





SONNET


Ton âme aimera son reflet dans les glaces ;
Elle croira qu’elle voit quelqu’un d’autre.

A. S.



Cette lande de bruyère rose
Où nous étions venus nous asseoir, —
Cette lande, se métamorphose
Sous les obliques rayons du soir.

On dirait que c’est un miroir
Où fleurissent des nuages roses
Une calme plaine de cristal
Où paissent nos âmes sentimentales.

Le ciel que le couchant teinte de roses —
On dirait une lande de bruyères. —
C’est comme une plaine reflétée,
Où broute mon âme dépareillée.


ANDRÉ WALTER.