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LA PROMENADE



Nous nous sommes levés un matin ;
Nous étions las d’attendre quelque chose,
Et comme le ciel était rose
Nous sommes partis un matin
En nous tenant par la main
Le long des berges du chemin
Parmi les fleurs écloses.

Nous avons marché jusqu’au soir
Le long de la route
Et tu me disais : nous allons, écoute
Vers l’Église où il y a quelque chose à voir.

Les prunelles après cet obscur sommeil
Et encloses sous les opaques paupières
Avaient oublié les lumières,
— Mais dans la forêt aux clairières
S’ouvraient et avaient des éblouissements roses
Aux lucides métamorphoses
Du matinal soleil.

Et nous écoutions les chants clairs
De tous ces oiseaux dans les branches.

Nous avons marché jusqu’au soir
Nous avions le lointain espoir
De voir quelque chose.

Quand se sont éloignés les ombrages humides,
Les sourires des bords des eaux,
— C’était l’heure candide
Où les sources s’évaporent
Entre les roseaux.
Nous avons déploré que fut si brève l’aurore,
Les brumes au bord des ruisseaux
Et la paix ombreuse des branches.

Et comme l’Azur illumine,
Tu mettais ta main dessus tes yeux pour voir
Au loin, les toits des villes blanches
Sur les calmes collines.