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Ni le lac, ni la lune, ni le Bois dormant
Ni même de ce chant la tendresse infinie
N’auraient pu t’émouvoir aussi profondément.

Il fallait, pour goûter cette unique harmonie,
Que loin du vil fracas de la Ville en rumeur
Ton âme fut enfin calmée, ô mon amie.

Il fallait que Paris ayant tu sa clameur
Ne fut plus rien qu’un bruit aussi faible à l’oreille
Qu’au cœur un souvenir effacé de douleur

Il fallait qu’en cette heure où notre âme appareille
Vers les phares surgis aux noires mers du ciel,
La Nature devint à l’Idéal pareille ;

Il fallait que de tous les aspects du réel,
Des rumeurs de la ville et des formes des choses
Il ne subsistât plus rien que l’Essentiel !

Alors, dans le silence infini des nuits closes,
Devaient s’ouvrir en toi comme en un chaste val,
Avec leurs fleurs vers une intime aurore écloses

Les candides rameaux du Rosier idéal !

HENRY BÉRENGER.




RONDEL D’AUTOMNE



Ah, chère, j’ai le cœur bien las.
Vois ce ciel trouble où meurt l’automne
Et comme le bosquet frissonne,
Tout noir, et veuf de ses lilas.

Sourires appris, faux hélas,
De ce mensonge monotone,
Ah ! chère, j’ai le cœur bien las ;
Vois ce ciel trouble où meurt l’automne.

Pourtant j’ai rêvé de doux lacs,
Une main délicate et bonne,
Une voix qui berce et pardonne :
Et j’en ris encore aux éclats.
Ah ! chère, j’ai le cœur bien las.

GEORGE DONCIEUX.