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LA VIERGE


La Nuit sur l’Idole



C’est l’argent bleu qui luit sur les lacs
Dans le crépuscule de la lune.
C’est l’encens rare et l’irréel nard
Saphir et lapis d’eau et de brume
C’est le geste des chevaliers noirs
Au vol des blancheurs que l’ombre azure
Naussaiït en corps les tremblants hanaps
C’est l’air inconnu, l’été nocturne,
Et la clarté du ciel sidéral.

Du haut du chœur les grands rayons pâles
Tombent allongés au pied des murs
La nuit limpide aux lueurs bleuâtres
Pure comme une aube au nois d’élul
Glisse et descend du haut des vitrages
Tandis qu’au dehors les Acturus
Font la nuit claire et les brises calmes
Tout au haut des nefs, dans l’air du sud
Les vitraux peints filtrent les étoiles

Tu scintilles. Tes yeux sont très purs,
Etoile qui vis et tes mains chastes
Sus-je autrefois quel éternel flux
Vague avec lenteur en tes cils graves ?
jusqu’à tes pieds, de hauts plis obscurs
Plongent agrandis dans l’ombre large
Et le Psalmiste, un doigt sur le luth
Epie en extase au ras desdalles
L’astrnl rayon de tes longs yeux nus

De tes yeux nus où la nuit diffuse
Eclaircit un peu d’air vespéral
Où vaguement s’exalte et fulgure
Un reste de gloire et d’or lilas
Quand leurs feux seuls du noir se divulguent
Chaumes lum’neux aux nuls regard*
Vers qui si calme, encor qu’éperdue,
Dans un fiisson lent monte ma fui
0 Constellée aux yeux tatiiujues

P. L.



Le Directeur Pierre Louys. Annonay, Itnp, J. Royeiî.