LA CHASSE DES DAMES
d’Amour, auec la reformation des
filles de ce temps.
es Dames de Paris (ie dis celles
qui ſont ſous la charge commune
du grand Viſiteur Monſieur Bidault
ſont aſſemblées depuis deux iours en
la terre de Conflanc, pour la determiner de
quelque choſe : Ie ne ſçay ſi elle eſt bonne,
ou mauuaiſe. Il eſt vray que le grand Ariſtote
en ſes commentaires ſur l’Apocalipſe a dit
en termes aſſez cogneus, que non eſt malitia
ſuper malitia mulieris, quelques vns m’ayant
voulu perſuader que c’eſtoit pour reprimer
ſa hardie ſentence de Herodote, qui diſoit
que la femme deſpoüllant ſa chemiſe, auſſi
deſpoüilloit la honte, elles ſe deſpoüillant
plus de cinquante fois le iour : & dés leurs
ieuneſſes, il ne leur ſeroit donc rien demeuré
de vergongne. Vn autre m’a dit que le ſubiet
de leur aſſemblée eſtoit de crainte de venir
groſſes, n’allant plus ad tricandum, que in
pondere, numero & menſura, & que ce qui
les empeſche que le poulet n’eſcloſt, c’eſt à
force de leur battre le deuant. La niepce de
defuncte Madame du Moulin, (d’heureuſe
memoire) ſe leua, & dit qu’il y auoit du
peril, & que ſa tante luy auoit enſeigné ceſte