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aurez que les fumées ; ainſi ie puis bien dire que depuis le partement de mon dernier amy Rufin il ne s’eſt paſſé iour auquel ie n’aye aſſez couru ſans rien prendre, Vous le ſçauez aſſez, ma mere, tellement que ie ne ſçaurois plus eſtre oyſiue, ny trauailler pour ſi peu de gain. C’eſt pourquoy en attendant que le monde reuienne, ie ſuis d’aduis d’entrer en ſeruice, comme ie vous ay deſia dit, tant pour auoir dequoy m’entretenir, qu’afin de me conſeruer pour Rufin de qui i’eſpere tirer de bonnes nippes à ſon retour.

Cardine.

I’approuve fort ta reſolution, ma fille, & ie ſuis contente d’en voir l’effect, pourueu, qu’entrant au ſeruice de la Dame que tu dits tu face en ſorte qu’elle ne cognoiſſe point que tu és du meſtier, & que par ton inuention i’aye moyen de viure durant ce temps-là.

Jacqueline.

Ne vous ſouciez de rien, ma mere, i’ay deſja pourueu à l’un & à l’autre : Car outre qu’à l’abord ie feray la ſuccree, & la bonne meſnagere, i’ay encore aduiſé pour le mieux de m’en aller aux Halles, où ie vendray tout attirail de Damoiſelle, ſçauoir mes deux colets montez, mon corps de cotte, qui eſt de damas tout fin neuf, ma robbe d’eſtamine, & mon bon cotillon de taffetas, ne me reſeruant que ma robbe de ſarge, & ma cotte de camelot : ie prendray encore vn chapperon