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introduction, § x.

les seigneurs séculiers sont venus à Rome à l’occasion du concile et qu’ils ont présenté leurs réclamations au pape en présence des évêques ?

Fauriel a eu tort de comparer les actes du concile avec le récit toulousain. Les actes du concile sont des décisions, non pas un procès-verbal des séances. Il faut les rapprocher de la sentence finale rapportée par le poète non pas toute d’une teneur, mais entremêlée à la discussion dans les tirades 147 à 150, et on trouvera que le récit toulousain est très sensiblement d’accord avec le texte authentique. Quant au récit que le poète nous fait des débats qui précédèrent la sentence, il faudrait, pour en apprécier rigoureusement la valeur, être en état de le comparer avec un autre récit de ces mêmes débats. Mais, cet autre récit n’existant pas, il faut nous contenter d’apprécier la grande scène du poème d’après ce que nous pouvons recueillir çà et là de notions éparses sur le même sujet.

Et d’abord nous pouvons écarter l’idée que le comte de Toulouse, le comte de Foix et ceux de leurs vassaux qui les accompagnèrent à Rome aient assisté à ce qui fut réellement le concile de Latran, mais on va voir que la question se réduit à une querelle de mots. En principe l’admission de laïques à un concile est douteuse ; en fait le concile de Latran eut à s’occuper d’une infinité de sujets qui n’intéressaient nullement les seigneurs du Midi. Nous possédons les actes de ce concile[1] et nous voyons qu’il y fut question d’autres hérétiques encore que des Albigeois : de Joachim de Flore, par exemple, et d’Amauri de Bène ; qu’on s’y occupa longuement des différends avec l’église d’Orient, de la querelle de Jean Sans-Terre avec l’archevêque de Can-

  1. Mansi, Concilia, XXII, 953-1086.