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introduction, § ix.

donc sous les yeux, selon toute apparence, un ms. qui se terminait comme le nôtre, d’où la conclusion au moins vraisemblable que le poème n’a jamais été achevé.

Quant à expliquer pourquoi il est resté en cet état, c’est matière à conjecture ; on peut si l’on veut supposer que l’auteur était lui-même au nombre des défenseurs de Toulouse et qu’il y a été tué. À tout le moins les dates ne s’y opposent pas, car nous verrons qu’il était contemporain des faits qu’il a racontés.

Nous devons donc renoncer à connaître le nom et la condition de notre poète, comme à savoir qui était son protecteur, s’il en avait un. Peut-être s’est-il donné à lui-même une petite place en quelqu’une des énumérations de noms dont abonde son poème, comme ces anciens maîtres qui, peignant une bataille, une procession, une scène quelconque présentant un grand concours de peuple, introduisaient leur portrait en un coin du tableau. Mais, s’il l’a fait, il n’a point écrit is est qui fecit, et aucun glossateur ne lui a rendu le service de le tirer de la foule.

Ce que nous pouvons apprendre de lui, en outre de ses sentiments et de ses tendances dont il ne fait pas mystère, se borne à un bien petit nombre de faits qui se laissent déduire de son récit. De ces faits les deux plus certains c’est qu’il

    assiégés qu’enfin les assaillants furent forcés de lever le siège et de s’en aller comme ils étaient venus, à leur grande confusion et dommage ; là où se comporta fort vaillamment ledit jeune comte, fils dudit comte Raimon, appelé aussi par son nom Raimon, comme son père, et aussi tous les autres seigneurs et barons qui étaient dans ladite ville avec ledit jeune comte. » Étant donné le fait connu de la levée du siège, il n’était pas besoin de beaucoup d’imagination pour écrire un aussi pauvre récit.