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introduction, § viii.

détails intéressants sur plusieurs d’entre eux. Celui qu’il met le plus en évidence est Guillaume de Contre[1], de qui il parle avec assez de complaisance pour qu’on puisse croire qu’il l’a connu personnellement[2], et qui paraît en réalité avoir été l’un des meilleurs lieutenants de Simon de Montfort, encore bien qu’il soit fort peu question de lui chez les autres historiens de la croisade. Mentionnons encore les détails sur le concile d’Arles[3], et surtout l’exposé animé, présenté avec un certain art — ce qui est rare chez Guillem de Tudèle, — des conditions imposées au comte de Toulouse et des sentiments avec lesquels la sentence du concile fut accueillie par les populations[4].

En somme, sur plusieurs points, G. de Tudèle est une source unique ; pour la plupart des faits de la croisade, il nous offre un témoignage honnête, et toujours digne d’être pris en considération.

L’autorité de ce témoignage ne résulte pas seulement de la valeur des informations recueillies, elle s’accroît notablement de cette circonstance que le récit a été visiblement rédigé au fur et à mesure des événements. Nous avons sous les yeux, non point la rédaction de souvenirs anciens, partant plus ou moins confus, mais l’impression produite par des faits tout récents sur un homme d’un esprit médiocre, mais attentif et sincère. Il est impossible que G. de Tudèle n’ait pas rédigé pour ainsi dire au jour le jour l’histoire de la croisade, puisqu’il s’est arrêté au commencement de l’année 1213 et qu’il s’était mis à l’œuvre, comme on l’a vu dans le chapitre précédent, dès 1210. Mais on peut encore, ce

  1. V. 831 et suiv.
  2. Voy. II, 43 n. 2, et les Additions et corrections.
  3. Voy. notamment v. 1110-1, 1130-2, 2733-8.
  4. Tirades LIX, LXI.