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introduction, § viii.

son récit présente toutes les apparences de la sincérité : il est aussi digne de confiance qu’aucune chronique latine de la même époque.

Il serait hors de propos de relever ici un à un tous les points sur lesquels G. de Tudèle a quelque chose à nous apprendre. Je me suis efforcé de déterminer ces points — et ils sont nombreux — dans le commentaire historique qui accompagne ma traduction ; mais il n’est pas inutile d’énumérer quelques événements importants pour lesquels le poème de Guillem est notre unique ou au moins notre principale source d’information. Ainsi, au sujet des premières prédications contre les hérétiques, antérieurement à la croisade, G. de Tudèle nous fournit quelques faits dont les chroniques ne disent rien[1]. L’existence d’une armée de croisés formée, paraît-il d’après les noms de ses chefs, dans le Limousin, l’Auvergne, le Quercy, et venant ravager l’Agenais, n’est connue que par notre Guillem[2] ; car les autres récits ne s’occupent que de l’armée plus particulièrement recrutée dans le Nord, qui opérait sous la conduite du légat Arnaut Amalric, et dont faisait partie Simon de Montfort. Les négociations qui eurent lieu pour la reddition de Carcassonne, la part qu’y prit le roi d’Aragon, ne sont racontées que dans notre poème[3], et elles ont beaucoup d’importance, car elles nous montrent d’une façon éclatante la croisade ayant fatalement, dès ses débuts, pour objet la conquête et le pillage.

La répartition des pays conquis entre les compagnons de Simon de Montfort est loin de nous être bien connue, mais on a du moins par Guillem la liste de ces derniers avec des

  1. Tirades II et suiv.
  2. V. 300 et suiv.
  3. Tirades XXVI-XXXII.