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croisade contre les albigeois.

qui aime Prix et Parage, qui désire gagner des terres, [9350] combattre pour sa propre défense, s’élever à la fortune, que celui-là vienne à Toulouse, et il aura à tout jamais part aux biens de la ville. Pour secourir la ville sont venus mille chevaliers, habiles aux armes et hardis combattants, et cinq cents dardiers. [9355] Et quand ils furent réunis dans l’assemblée plénière des habitants de Toulouse, Pelfort[1] prend le premier la parole, car il savait bien parler, et expose la situation et donne bons conseils : « Barons toulousains, c’est maintenant [9360] que le savoir, l’intelligence, le sens, le bon conseil vous sont nécessaires. L’entreprise du roi de France est pour nous une grosse et menaçante affaire. Il amène des gens étrangers, des hommes cruels. Avant qu’il se loge là dehors par les vignobles, que mon seigneur le jeune comte, qui est son feudataire, [9365] son meilleur parent[2], lui envoie des messagers bons et actifs, pour lui dire qu’il n’a envers lui tort ni culpabilité, qu’il n’a été ni faux ni trompeur ; et si le roi veut prendre son droit, le jeune comte le lui fera de bon cœur, à lui et à l’Église et à quiconque aurait des griefs. [9370] Si le roi vient à Toulouse avec une suite peu nombreuse, le jeune comte prendra de lui sa terre et sera son vassal. Il lui rendra la ville pour qu’il y mette garnison dans les tours. Et dès qu’il offre de faire droit, et d’une façon complète, le roi ne devrait pas l’exterminer sur le conseil des méchants. [9375] Et s’il repousse ces offres, s’il

  1. Voy. p. 183 n.
  2. Ils étaient cousins issus de germains : Constance, épouse de Raimon V et par conséquent grand’mère du jeune comte, était fille de Louis le Gros.